Dans l’Ouest, c’est la rencontre entre les anciens, de retour avec leur passé judiciaire chargé, et les petits nouveaux, qui ont profité de ces dernières années pour se faire connaître de la justice.
La Possession
• Vanessa Miranville se trouve sous le coup d’une information judiciaire ouverte très récemment par le parquet sur des faits de harcèlement moral, de détournements de fonds publics et de prise illégale d’intérêts. Les plaignants sont des proches (famille et premier cercle) de l’ancien maire Roland Robert qui ont vu leurs positions fragilisées par l’alternance en mairie. Ils dénoncent la publication de magazines destinés à vanter l’action municipale de Vanessa Miranville. Et donc de financer une partie de sa campagne électorale sur des fonds publics.
Le Port
• L’incontournable Pierre Vergès l’emporte haut la main. Sa vraie-fausse cavale de plus de trois ans entre 1993 et 1996 restera dans les annales rocambolesques de la politique locale. En 1993, le “fils de”, maire du Port, se retrouvait impliqué dans l’affaire de “L’endiguement de la Rivière-des-Galets”. La justice le suspectait alors d’avoir participé à l’ouverture frauduleuse de plis dans le cadre d’un marché public, afin d’aider une entreprise amie à remporter le marché. Condamné en 1995 en son absence, il finit par se constituer prisonnier lors du procès en appel, un an plus tard : il n’est finalement condamné qu’à douze mois de prison (dont deux ferme), deux ans d’inéligibilité et 300 000 francs d’amende. Plus récemment, le nom de Pierre Vergès est apparu dans l’affaire des empiètements illégaux de terrain à La Possession : avec d’autres amis, il est soupçonné d’avoir étendu le terrain de sa maison sur le domaine public, lors de la mandature du copain Roland Robert. Aujourd’hui, la mairie possessionnaise essaie toujours de récupérer le paiement d’une indemnité d’occupation illégale.
• À côté, le maire sortant fait pâle figure. Olivier Hoarau a été condamné en juin 2019 à 1000 euros d’amende avec sursis pour injures publiques. Répondant à des accusations dans la presse, le maire avait qualifié un syndicaliste de “pauvre type”…
Saint-Paul
• Le scrutin est autant marqué par l’affrontement de trois anciens maires que par le pedigree judiciaire des candidats. À commencer par le premier d’entre eux, le sortant qui sera de nouveau en piste cette année : Joseph Sinimalé. À son actif, une condamnation en appel, en mai 1998, à trois ans de prison dont un ferme, 100 000 francs d’amende et cinq années d’inéligibilité. Motif de la punition : des véhicules du Département, qu’il préside alors, utilisés à des fins personnelles, des milliers de repas facturés indûment à la collectivité, des bétonnages de chemins à caractères électoraux, des subventions bidons destinées à payer des joueurs de foot et quelques marchés publics truqués. La totale. Un superbe florilège de détournements de fonds et d’abus de biens sociaux.
• Lors de la mandature qui s’achève, ce n’est en tout cas pas lui directement qui est retourné devant les juges, mais sa fille, Sandra Sinimalé. Tradition familiale oblige. Accusée dans une affaire d’emploi fictif au Centre de gestion, elle a été condamnée à six mois de prison avec sursis et 30 000 euros euros d’amende l’an dernier. Le procès en appel a été reporté au 28 mai, suite à la grève des avocats.
• En 2008, lorsque Huguette Bello avait succédé à Alain Bénard (de nouveau candidat cette année), l’ouverture des placards avait laissé passer de sales relents. Non contente de lui piquer son siège, la député-maire avait envoyé son prédécesseur au tribunal pour plus de 400 000 euros de factures d’eau réglées par la ville à de mauvais payeurs, juste avant les élections, évidemment. Alain Bénard a été condamné pour cela en appel à un an de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité. Il a de nouveau été condamné en décembre 2018, cette fois pour injures et diffamation à l’encontre du préfet Amaury de Saint-Quentin, qualifié de “mafieux” en pleine affaire des paillotes de l’Ermitage.
• À côté, Huguette Bello fait figure de petite joueuse : à son passif, une simple mise en examen dès son élection de 2008 pour une histoire d’assainissement que ses prédécesseurs n’avaient pas mis aux normes. Sans condamnation. Tout récemment elle a aussi perdu son procès contre la Région en appel pour s’être introduite de force, avec Éricka Bareigts, dans la médiathèque Cimendef.
• Chez les “petits” candidats, “petites condamnations” ? Presque. Thierry Araye, de nouveau candidat en 2020, a lui aussi connu les bancs du tribunal. C’était en 1999, le patron de Télé Kréol avait été condamné à 10 000 francs d’amende et confiscation du matériel après avoir diffusé une émission de télé sans autorisation.
• Enfin, Jean-François Nativel a lui aussi droit d’être cité dans cet article : il a été condamné en septembre à 1500 euros d’amende avec sursis pour “non-déclaration d’organisation d’un rassemblement sur la voie publique.” Avec son association, Océan prévention Réunion, il avait réuni plusieurs dizaines de baigneurs aux Roches-Noires, pour manifester contre l’interdiction de baignade et d’activités nautiques dans certaines zones de l’Île.
Saint-Paul
• En l’absence de Thierry Robert, poursuivi pour avoir caché plusieurs millions à la Haute autorité pour la transparence de la vie politique et destitué de son mandat de député pour avoir eu du mal à payer ses impôts, et du cachotier bancaire Jean-Luc Poudroux (lui aussi condamné en son temps), l’élection saint-leusienne aurait pu n’opposer que de jeunes et blanches colombes.
• Mais il a fallu qu’un vieux de la vieille fasse son come-back. Giraud Payet conduit ainsi une liste bigarrée composée de militants de gauche et de “Gilets jaunes”. Lesquels ne semblent pas gênés de se ranger derrière celui qui est passé par le tribunal en 2008. Jugé pour délit de corruption passive dans une affaire de contrats informatiques, l’ex-président de la Chambre des métiers a été condamné en appel à deux ans de prison dont huit mois ferme.
La rédaction du Tangue