Hier soir, Le Tangue a chopé un pétrel. Il en a fait un civet. En juillet, il partira pêcher de la baleine : c’est excellent en massalé. T’as quoi à dire, l’écolo-bobo ?
C’est facile : suffit d’aller à Saint-Pierre avec un filet à papillon, ça tombe comme des mouches. La commune du Sud est devenue une sorte de DCP pour pétrels, avec ses lumières qui restent allumées. Hélas : la viande est coriace. Une fois plumé, le pétrel, il est pas bien gros, mais découpé, vidé et cuit des heures dans le vin, ça se mange. Et c’est un mets rarissime, qu’un piaf en voie d’extinction ! On n’avait plus mangé un truc pareil depuis une entrecôte de panda roux il y a deux ans.
On a partagé ça avec le tonton qui dit que les pétrels sont pas en voie de disparition, qu’il y en a encore beaucoup, et que c’est la faute des chats, et qu’il veut continuer à “sortir le X5” sur des routes éclairées, et jouer au foot après 20 heures. Il a bien raison. Il a toujours raison, tonton : comme quand il disait que les masques et le vaccin, ça sert à rien, que des Comoriens et des Mahorais, y en a quand même un peu trop, et que Jacques Tillier, il est trop fort “parce qu’il balance, lui, au moins !“.
Il a pas vraiment tort, tonton. L’autre jour, il expliquait : “Le wokisme, c’est de la merde“. Bon, il a pas trop su nous expliquer ce que c’était, si ce n’est que c’est vachement nul. Comme les “écolo-bobos“, ou les “islamo-gauchos” (apparemment, c’est les mêmes) : ça aussi, il aime pas, tonton. Parce que le réchauffement climatique, il y croit pas trop : “T’as vu comme on a eu froid, en juillet ?“, qu’il nous a dit. Paraît que toutes ces histoires d’écologie, de protection d’environnement, ce serait juste pour nous faire peur. Pourquoi ? On n’a pas trop compris, mais en tous cas, c’est pour nous faire peur. Lui, ce qu’il voit, c’est qu’il ne pourra plus acheter la bagnole qu’il veut dans dix ans, et “qu’à ce train-là, on nous obligera à bouffer des criquets, qu’on pourra même plus faire des blagues aux gonzesses et qu’on expliquera à nos marmailles dans les écoles qu’il faut devenir pédé.” Il mélange un peu tout, mais c’est vrai que ça fait peur, tout ça.
On a discuté de tout ça en dégustant un bon pétrel, quand même. Donc, ça va, tout n’est pas perdu, y en a encore, ça veut dire, si y en a plein qui tombent. Comme les tangues, qu’on a fait remarquer : cinquante mille de chopés légalement cette année, c’est qu’il y en a encore plein. Peut-être que c’est exactement ce que se sont dit les Hollandais en voyant les dodos à Maurice, après tout. Franchement, des dodos, y en a plus et ça manque à personne, en fait. Et ils nous empêchaient pas d’allumer les lumières pendant un mois, eux. Alors les pétrels, hein…
La rédaction du Tangue
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