Pissez sous la douche !

Attrape gogo, la “semaine du développement durable” sert surtout aux mondes économique et politique à nous faire croire qu’on va sauver la planète avec des petits gestes au quotidien.

 

Sauvera-t-on le monde avec des bacs à compost et des barquettes réutilisables ? Ils aimeraient bien nous le faire croire. Alors, on met nos épluchures de patates dans le bac marron, et on achète des barquettes en alu. On fait bien comme ils disent : on ferme le robinet en se brossant les dents, on fait pousser nos tomates, et on fait du vélo. C’est un peu le sens de cette “semaine européenne du développement durable“, un machin sympathique qui donne l’occasion aux collectivités de faire un peu de com’ sur l’écologie.

Déjà, car la notion-même de “développement durable“, c’est complètement con. Car le mot “développement” sous-entend, évidemment, un “développement économique“, ce qui ne peut être obtenu sans bousiller encore un peu plus la planète. L’éco-tourisme, par exemple, vanté par nos chers élus, est une vaste blague : construisez un gîte avec du bois et sans clim à Mafate ou au volcan, vous construisez toujours un machin de plus dans un espace naturel, avec des matériaux acheminés par hélico, et des touristes qui seront montés en bagnole au col des Boeufs ou à Bellevue après avoir siphonné des litres de kérosène pour traverser la planète. Edicter une “charte” pour approcher les baleines, c’est beau, mais ça n’a jamais empêché ces dizaines de bateaux d’entourer les pauvres bêtes au large de Saint-Gilles, Grand Bleu compris. Le “développement durable“, c’est la politique du “moins pire“. C’est n’avoir rien compris à ce que les scientifiques nous hurlent : si on continue à ce train-là, les conséquences seront effroyables. Allô ?

 

Hôtels, carrières et SUV.

 

Les faits sont têtus. Pendant que Département, Région, Etat, nous font des petites réceptions bien gentilles avec des petits nenfants qui font des dessins en promettant des panneaux photo-voltaïques, on tente par tous les moyens d’ouvrir une carrière à Bois Blanc, on importe depuis l’autre bout du monde du combustible responsable de la déforestation pour avoir du jus. Le nouveau président de l’IRT a approuvé la construction d’un hôtel de luxe à Manapany, le maire de Bras-Panon veut construire un golf, “un restaurant, une hélistation et même un hôtel au niveau de la rivière des Roches“, selon le JIR. Le Tampon veut aller installer des parkings et des toboggans aux environs du volcan ; la Fédération du tourisme et les Îles Vanille attendent le retour des mastodontes des mers, ces catastrophes pour la nature que sont les paquebots de croisière, “avec espoir“. L’aéroport va s’agrandir et pas une seule voix pour dénoncer la pollution que ces nouvelles rotations d’avions vont produire, à cause de l’augmentation des activités de tourisme ou de fret. Il fallait voir, lors de l’intronisation d’Huguette Bello à la Région, le nombre de SUV qui s’étaient garés aux environs de la Pyramide inversée, arrivés aux trois quarts vides. Ou cette trouille bleue face aux gros du BTP, des bagnoles et des transports, au nom d’hypothétiques emplois. On aura l’air fins, quand la mer aura monté de plus d’un mètre, que des cyclones nous auront bien défoncés, que les sécheresses dans l’Est seront devenues monnaie courante. 

La “semaine du développement durable” telle qu’elle est “fêtée” dans nos collectivités – mais dans toute la France aussi, c’est nous faire culpabiliser de prendre un sachet plastique au marché forain, tout en continuant à appliquer des politiques mortifères pour la planète. Ces mêmes politiques dénoncées par les experts du GIEC qui, à force de pisser dans des violons, pourraient bien, un jour, finir par nous dire de nous débrouiller sans eux. Nous, on aura nos pailles en bambou.

Le Tangue