Les festivités autour des Jeux à La Réunion sont passées à côté de pans entiers de l’histoire du sport local. Fâcheux oublis ? Pas que.
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Alfred Nakache était un grand nageur. Alfred Nakache a participé à deux éditions des Jeux, notamment ceux de Berlin, en 1936, ceux avec Adolf. Alfred Nakache a été déporté à Auschwitz, et pour emmerder ses gardes, il s’amusait à aller nager dans les bassins de rétention d’eau du camp de concentration. Rescapé, Alfred Nakache a entraîné le premier nageur champion olympique français, Jean Boiteux. Dans les années cinquante, et pendant une vingtaine d’années, Alfred Nakache a été conseiller technique à la Ligue de natation de La Réunion, persuadé que les Outremer avaient de bons nageurs à former. Alfred Nakache est sans aucun doute un des plus grands sportifs français du XXe siècle. Lors du passage de la flamme olympique à dans l’Île, Le Tangue n’a jamais entendu la moindre allusion à Alfred Nakache ; du Jean-Louis Prianon, en revanche, il en a bouffé…
Puisqu’on parle de natation, que dire de Franck Schott ? L’actuel conseiller technique régional, lointain successeur de Nakache, a participé à trois olympiades, fait rare pour un nageur ; multiple champion de France, il est passé à un cheveu de la médaille à Barcelone, en 1992. Boris Steimetz ? Médaillé d’argent à Pékin, en 2008, membre du relais 4x100m qu’il a aidé à qualifier en finale, une des plus grandes performances jamais réalisées dans la natation française pré-Léon Marchand. Eux aussi, effacés, oubliés, rayés, renvoyés aux oubliettes : au moment où toute La Réunion parlait de sport, quelques uns des plus grands champions locaux n’ont pas eu droit à leurs hommages. Croqués par d’autres.
Jérémy Flores, qui a participé à la première sessions de surf aux Jeux, en 2020… Daniel Sangouma, recordman du monde du 4x100m en athlé, médaillé de bronze sur la même épreuve aux Jeux de Séoul… Notre très faible culture sportive en oublie certainement encore un tas. Mais en juin, quand la flamme se baladait sur nos routes, on n’en a pas entendu parler. L’occasion de parler de l’histoire des sportifs à La Réunion était belle : c’est un ratage total. Marmay i koné toujours pas les grands anciens.
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Certains ont pourtant demandé à participer : ils se sont fait envoyer balader. D’autres sont restés discrets, personne n’est venu les chercher. En revanche, lorsque le Département, qui a organisé le passage de la Flamme à La Réunion – en en finançant une grande partie – a décidé de proposer des noms de sportifs pour porter la flamme, c’est une autre nageuse qui a été désignée. Alizée Morel est certes l’athlète la plus titrée aux Jeux des îles de l’océan Indien, une des meilleures nageuses réunionnaises de ces dernières années ; elle n’a cependant jamais participé aux Jeux olympiques. Et au contraire d’autres nageurs olympiques réunionnais, son papa, Jean-Yves Morel, ancien conseiller municipal de droite à La Possession, est un proche du président du Département Cyrille Melchior, qui le soutenait lors des dernières législatives.
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Jean-Louis Prianon, la figure du sport réunionnais qu’on mange à toutes les sauces, a certes fini 4e du 10 000 m à Séoul en 1988. On l’a vu, ils sont pourtant nombreux à avoir un meilleur palmarès que lui. Ce fut pourtant une des figures mises en avant en juin, on ne pouvait pas louper celui qui a été proche de la droite réunionnaise depuis presque vingt ans, candidat aux départementales de 2021 soutenu par l’actuelle majorité au Département. Encore un profil hautement politique. Faut dire que pour le Département, le sport, c’est surtout une bonne occasion pour les élus de se faire payer des vacances gratos.
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Début juin, le Département annonçait pourtant vouloir “mettre en avant des personnalités venues de tous les horizons, afin d’incarner l’esprit des Jeux et ce, à travers la désignation des porteurs de la Flamme.” En invisibilisant à ce point quelques uns des plus grands athlètes olympiques réunionnais, en n’évoquant même pas des pans entiers de l’histoire sportive réunionnaise, voilà un sacré ratage. Alfred Naka… kwé ?
La rédaction du Tangue
Précision : Nous l’avons dit, la culture sportive du Tangue est très limitée. Il y a donc sûrement un paquet d’athlètes paralympiques dans le même cas, qu’on aurait certainement pu évoquer.
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