Le communiqué des assos écolo dénonçant le partenariat entre Total et le Grand Raid a été étouffé par la quasi-totalité des médias locaux. Pas touche aux courageux branquignols en short !
Chez Antenne Réunion, on a du talent. Journal, ce midi : ça pète dans la bande de Gaza, le Grand Raid démarre ce soir, et ils ouvrent leur journal sur… la saison des letchis. Masterclass. Faut dire que c’est le concurrent d’en face, la 1ère, le partenaire du Grand Raid (qui en tartinera vingt minutes de son côté). Point commun entre les deux télés? Aucun ne parlera du communiqué qu’ils ont reçu pourtant en même temps que nous, ce matin, à 9h26.
Ce communiqué, signé de Greenpeace La Réunion, XR 974, Attac La Réunion et Citoyens Pour le Climat La Réunion, voulait dénoncer “le greenwashing du plus grand pollueur de France“, en informant les rédactions de leur action matinale : “Armés de peinture noire et d’affiches que nous avons écrites et coloriées avec nos enfants, ceux qui vivrons dans le monde que nous leur laisserons, nous avons appliqué la loi climat et résilience sur quelques gourdes en 4 x 3 m. (Lire le communiqué en entier ci-dessous).
Or, à l’exception notable de Zinfos et Imaz Press (selon nos observations), aucun autre média, au moment où nous écrivons ces lignes, n’a relayé ce communiqué.
Cette histoire de partenariat entre un des plus grands pollueurs mondiaux et le plus fameux trail de La Réunion, Le Tangue en a déjà parlé depuis quelques jours.
Entre les confrères qui ont reçu des ordres de leur direction de ne jamais parler de nous, ceux qui ne nous lisent pas et, ou, nous prennent pour des clowns, nous ne nous attendions pas à ce que nos informations soient reprises (abonnez-vous, on se sentira moins seuls).
Mais avec le communiqué envoyé ce matin, c’est différent. Car vous connaissez cette passion qu’ont les médias d’actualité locaux pour les communiqués : ça remplit les pages et ça évite de se fouler. Le moindre pet du service com’ de la Préf finit, par exemple, en “une” partout dans la minute. Aujourd’hui, un communiqué du CHU a bien eu droit à tous les relais possibles et inimaginables.
Mais pas quand il s’agit de taper sur le Grand Raid et son sponsor pollueur. Un comble pour le JIR, par exemple, qui organisait le “Salon de l’écologie et du développement durable” il y a trois semaines.
Le Grand Raid, c’est comme Miss Réunion, l’évêque, ou le Groupe Bernard Hayot : on n’y touche pas. La moindre critique, on l’efface, on la cache. S’agirait pas de se disputer avec les annonceurs. S’agirait pas d’arrêter de penser à la place de madame Grondin, notre ménagère à nous, forcément trop idiote pour qu’on la fasse réfléchir ou lui permettre de développer son esprit critique.
On préfère glorifier des couillons qui vont aller cavaler en short dans les sentiers en se faisant pipi dessus, grand bien leur fasse (une sélection ci-dessous de ce qu’on en pense) :
Notre Grand Raid, qui êtes aux cieux, que ton nom soit sanctifié…
Il faut donc continuer, pages après pages, reportages après reportages, à cirer les pompes – Salomon – de gens et d’une organisation qui vont polluer l’air et nos oreilles à grands coups de flap flap d’hélicos et de vroum vroum de voitures et d’avions, qui vont jouer les idiots utiles d’une multinationale qui s’achète une image verte à coups de dizaines des milliers d’euros (1). C’est pas comme si, au niveau du climat, ça urgeait sévère.
C’est ballot : en ce moment, nos deux principaux canards couinent au nom de la liberté de la presse, de l’importance de l’information, apeurés de voir leurs finances s’épuiser. Au Tangue, on aimerait bien qu’on nous explique l’intérêt d’avoir quinze cuisiniers qui nous réchauffent le même cari sans rougail, toute l’année.
La rédaction du Tangue
1. On serait mauvaises langues qu’on jurerait que parmi les participants au Grand Raid, y a sûrement plein d’écolos qui jettent les papiers de pâte de fruits dans la poubelle jaune.
Le Tangue a besoin de vous pour vivre.
Notre liberté de ton a un prix.
Cet article est gratuit, mais vous pouvez vous abonner pour lire les autres.
Ou filer un p’tit pourboire. Ou un gros, si vous en avez les moyens, en cliquant là :
Je participe au financement du Tangue