“Stop délinquance rapatriée”, toujours là où on l’attend

 

Faire feu de tout bois. A Mayotte, à peine Chido passé, les collectifs racistes locaux, en file indienne derrière leurs parlementaires, n’ont pas mis longtemps à mettre les problèmes de l’île sur le dos des Comoriens. Même Manuel Valls, en visite en ce moment chez nous, y avait été de son couplet complotiste. On s’y attendait, on n’a pas été déçus.

 

A Mayotte, le retour de la tarte à la crème du nombre d’habitants

 

A La Réunion, on a eu Garance. Et comme Le Tangue a pu le constater, les xénophobes de Mayotte trouvent quelques points de convergence avec les nôtres, il n’y avait plus qu’à compter les jours avant que nos petits fafs péï mettent les pieds dans la flaque d’eau croupie.

 

La 1ère organise un dîner de cons raciste

 

Sans surprise, c’est donc du côté du collectif “Stop délinquance rapatriée à La Réunion” qu’est venue l’attaque raciste, alors que les Réunionnais n’avaient pas encore fini l’évaluation des dégâts. Un collectif qui se défend de toute xénophobie mais qui, dans les faits, est un repaire des fans de l’extrême-droite locale, regroupés sur une page qui compte plus de douze mille membres.

 

Fâchés… mais fachos

 

Et sans surprise, toujours, c’est Free Dom qui relaie complaisamment leurs diatribes, cette fois, une “lettre ouverte adressée au premier ministre et au ministre de l’Outre-mer“, hier.

 

Sur Free Dom, c’est Make Reunion racist again

 

Dans cette lettre, le collectif – qui n’est pas raciste, selon sa porte-parole, rappelons-le – parle d’une “insécurité qui explose sur l’île” et d’un “développement inquiétant de la délinquance, décrit comme atypique et étranger aux traditions locales.” Ca part mal : c’est complètement faux. Pour les “traditions locales“, peut-être parlaient-ils des viols et des meurtres dans les champs de canne, allez savoir.

 

La Réunion ensauvagée ? Toujours pas

 

La suite ? Selon Free Dom, le collectif évoque, à la suite du passage du cyclone, “des agressions en bandes organisées dans plusieurs villes, notamment dans des quartiers privés d’électricité, où les habitants ont été pris pour cible” ; “des rixes au couteau et à la machette, alimentant un climat de peur et d’insécurité” ; “des pillages et des actes de vandalisme pendant et après le cyclone garance, avec des commerces saccagés et des habitants cambriolés alors qu’ils tentaient de survivre à la catastrophe.” Or si, en effet, quelques faits divers ont été constatés ces derniers jours, assez communs après ce genre d’épisodes ravageurs, aucune source ne vient confirmer que les auteurs seraient d’origine comorienne, comme Le Tangue a pu se le faire confirmer. Du délire complet.

Et comme lors du rassemblement fasciste d’il y a un mois, le collectif promet : “Les citoyens réunionnais, exaspérés, se disent à bout. Certains envisagent même de s’organiser en milices d’auto-défense, une situation qui pourrait rapidement dégénérer.” Soit, mot pour mot, les paroles de King Tafari qui, il y a un mois tout pile, menaçait le Préfet de représailles dans un ultimatum fixé à… demain. Mais dont on n’a aucune nouvelle. 

Le même collectif continue : “Un autre point soulevé concerne le transfert de détenus mahorais dans les prisons réunionnaises. Le collectif s’interroge : comment ces individus en situation irrégulière sont-ils arrivés sur le territoire, alors que les contrôles aux frontières sont censés être stricts ?” Ca mélange tout : s’ils sont Mahorais, on ne voit pas le rapport avec “les contrôles aux frontières“. Et s’ils sont Comoriens, sans papiers, ils sont automatiquement expulsés à leur sortie de prison. On le savait déjà, à La Réunion, nos petits collectifs ont un racisme qui ne s’embarrasse pas des frontières au sein de l’archipel des Comores. 

 

Anchya Bamana : “Faudrait pas nous confondre avec les Comoriens !”

 

C’est en fait le retour d’une vieille lubie concernant les prisonniers mahorais envoyés à La Réunion pour purger leur peine. Des prisonniers, rappelons-le, qui fuient des conditions de détention inhumaines à Majicavo.

 

A Majicavo, vous êtes des animaux

 

Enfin, dans sa missive, le groupe conclut : “Le collectif citoyens Stop délinquance transférée à La Réunion attend des réponses et ne compte pas relâcher la pression.” Une pression qui consiste en un partage régulier, sur leur page, de faits divers soi-disant liés à des personnes d’origine comorienne. Oubli, sans doute : depuis une semaine, des posts sur des maltraitances animales ou des bagarres se succèdent, mais nous n’avons rien vu passer sur le décès de la jeune Salma, retrouvée morte au pied de son immeuble. Une enquête pour homicide a pourtant été ouverte, mais ça, “Stop délinquance rapatriée” a l’air de s’en foutre : pas assez de Comoriens dans cette histoire, faut croire.

L. C.

 

Précision, le 10/03 à 12h : lors de la manif pour le droit des femmes, samedi à Saint-Denis, il a été précisé que Salma avait des origines comoriennes. Depuis, l’enquête semble se diriger vers un féminicide. Deux raisons pour que le collectif raciste “Stop délinquance” se désintéresse de cette histoire.