RIP les femmes de La Réunion

 

On a lu le numéro spécial du JIR, “70 ans d’actualités” et le Tangue a mal aux ovaires. Le week-end dernier, on s’est donc posés mémère, pour faire un bond en arrière de soixante-dix ans. On pensait pas y rester… Sur plus de soixante-dix témoins choisis pour commenter les événements de ces années-là, on a compté… quatre femmes. Soit 5,71 % des témoins. Aïe, ça pique…

On a même compté plus d’anciennes “unes” de Miss que de témoignages de femmes. Six, distillés tout au long de ces pages. Les chiffres sont têtus…

Il faut attendre le récapitulatif de l’année 1978 pour qu’une femme puisse commenter l’actu et… c’est une ancienne Miss. Certes, Evelyne Pongérard revient ainsi, avec une douce amertume, sur sa “carrière”. Puis vient Joëlle Guiard, puis “Danielle”, maman de bébé éprouvette ou encore Margie Sudre, placée au-dessus d’une “une” sur les Wonderbra et à côté d’une autre ainsi titrée : “Miss Réunion pose nue“… Aïe, encore.

Visiblement, les Réunionnaises sont incapables de commenter l’histoire de leur île… ni les grands événements les concernant. Personne pour revenir sur la loi Veil de 1975 (pensez-donc, Miss Réunion élue Miss France !), ni pour évoquer les cinq féminicides de la terrible année 2018…

Heureusement, à la fin, le trombinoscope de l’entreprise rend hommage au sexe faible, surreprésentées dans les postes de secrétariat. Enfin ! Des femmes ! Et en plus, elles sont aussi nombreuses à la rédaction (plus qu’au Tangue, faut pas déconner, qui n’en a pas du tout).

D’autant que pour la première fois, le journal compte une rédactrice en chef… qui hélas, n’a pas eu voix au chapitre face aux éditos du grand Jacques et du DGA. Ne soyons pas de mauvaise foi : en fin de journal, il y a bien un papier signé par une journaliste de la rédac… qui consiste à cirer les pompes du patron Jacquot. 

Et puis histoire d’enfoncer un peu le clou, on notera cette superbe légende : “Les membres du service société. Une majorité de femmes énergiques au milieu desquelles, on peut se sentir pousser des ailes …” Ah ? Et au milieu d’hommes énergiques, on se sent comment ? Invisibilisées. Comme d’autres minorités, d’ailleurs : le PACS n’est même pas non plus évoqué dans ce supplément, et le mariage pour tous a droit à une petite photo, à côté de laquelle il est rappelé que Gilbert Aubry était contre. Un Gilbert Aubry et tout un tas de grenouilles de bénitier qui ont droit, eux, à plusieurs témoignages et à un nombre incalculable de “une” reproduites dans le supplément.

A. R.

 

Du cul, des cathos, du fait div’ et du moukatage de cocos… Heureusement, le supplément du JIR ne se résume pas à ça. Enfin, pas que.