L’Etat y protez anou… des étrangers

 

Si ce n’est pas de la xénophobie institutionnalisée, alors, ça y ressemble fort. En février, et pour répondre à la pseudo montée de l’insécurité à La Réunion – qui n’existe en fait que sur les réseaux et dans des médias – le préfet avait lancé un plan appelé “L’Etat y protez anou“.

 

La Réunion ensauvagée ? Toujours pas

 

Le but du plan, selon le représentant de l’Etat, effectuer un “diagnostic territorial précis de la délinquance et travailler sur trois axes majeurs : la lutte contre les trafics de stupéfiants, la prévention et la répression des violences de bandes, ainsi que l’implication accrue des maires et des citoyens dans la sécurité locale”. En gros, lutter contre la délinquance de rue (pas celle en col blanc ni celle au sein des foyers, pensez-donc), d’où le nom du nouveau bidule, “L’Etat y protez anou“. L’Etat nous protège, dormez tranquilles braves gens.

Mais, surprise : la Préfecture, qui applique ce plan lancé à l’initiative du ministre de l’Intérieur d’extrême-droite Bruno Retailleau, applique un quatrième axe, qu’il avait oublié de préciser au départ. Ce sont deux communications des services du Barachois qui nous l’apprennent. La première explique que “25 personnes étrangères ont été reconduites à la frontière” ; puis que “Ce mois-ci, suite à la découverte de documents falsifiés lors de l’instruction de certaines demandes de titres de séjour, le préfet de La Réunion a saisi la procureure de la République près le tribunal judiciaire de Saint-Denis à cinq reprises“. A chaque fois, la Préf’ précise que ces actions ont été effectuées dans le cadre du plan “L’Etat y protez anou“. C’est clair, donc, dans la tête des services de l’Etat : il faudrait nous protéger, aussi, des personnes d’origine étrangère, qui seraient donc un danger. Comme si immigration et délinquance étaient liées, une théorie portée par l’extrême-droite, et réfutée par toute les études sur le sujet.

Une vision xénophobe des personnes d’origine étrangère qui n’est pas nouvelle, chez les préfets réunionnais. Il y a un an, les opérations “Places nettes” visaient, déjà, à lutter contre la délinquance dans les quartiers. Et dans les bilans de ces opérations, publiés par les flics, que découvrait-on ? Que ces démonstrations de force finissaient, finalement, par aussi choper du sans papier. Pour l’Etat, toutes les raisons sont bonnes pour traquer les étrangers.

 

Des “places nettes”… de migrants

 

L. C.