C’est l’affaire du jour révélée ce matin par Zinfos : cinq personnes d’origine sri-lankaise, enfermées en zone de rétention de Gillot depuis leur arrivée par bateau il y a deux semaines, ont réussi à quitter la zone d’attente de l’aéroport où elles étaient retenues, manifestement contre leur gré. Pour rappel, une zone de rétention n’est pas une prison – même si ça y ressemble un peu – puisque gérée par la police, et pas l’administration pénitentiaire ; les droits des occupants sont aussi, en théorie, plus nombreux. Si la Préf’ parle d'”évasion” dans un communiqué succint envoyé aux rédactions, Le Tangue rappellera juste que ces gens-là ne sont ni Mesrine, ni Juliano Verbard : ils n’ont pas été jugés coupables de quoi que ce soit, et se sont juste barrés par la fenêtre. La Préf’ précise, encore : “Les individus ont réussi à arracher l’un des barreaux de métal qui sécurisaient le local“. Les joies du langage administratif : les barreaux aux fenêtres, c’était pour “sécuriser le local“. Pas du tout pour empêcher les gens de sortir : les barbelés de la prison du Port, ça doit être pour filtrer les particules fines venues de la Nationale… Précision des services de l’Etat : “Un dispositif de sécurité a immédiatement été déployé et reste mobilisé afin de les rechercher.” Flicaille partout, hélicos, l’Etat sort le grand jeu. Un “dispositif de sécurité” ? Pour quoi faire ? Décidément, la “sécurité“, ça les titille, à la Préf’…
A La Réunion, tout cela n’est que bons souvenirs. Ce n’est en effet pas la première fois que l’Etat sort les grands moyens pour criminaliser et traquer des personnes enfermées alors qu’elles n’ont rien fait de mal, et qui ont choisi de s’échapper pour retrouver un semblant de liberté. Mais normalement, cette fois, on ne fera pas le compte des retrouvés avec leurs oreilles : ça fait plus propre.
L. C.