Zemmour est un facho, on ne va donc pas en faire des caisses sur cette baudruche médiatique. Rigoler, un peu, quand même, sur une des ses propositions phares, qui remportera certainement la timbale au palmarès de l’idée la plus con : celui d’imposer des “prénoms français” aux petits bébés qui naîtront après son élection. On ne sait pas vraiment ce que ça veut dire, mais dans la tête de Rico, il s’agirait de piocher dans le “calendrier” et parmi les “personnages connus de l’Histoire française“. En fait, il s’agit surtout pour lui d’effacer des prénoms d’origine étrangère des états-civils, surtout les Mohammed et Fatima, français mais d’origine étrangère et un peu bronzés, “violeurs et voleurs“, forcément.

C’est bien joli, son histoire, mais personne ne lui a posé une question qui concerne pourtant plusieurs millions de ses compatriotes : et l’Outre-mer ? Dans quarante ans, on aura un Jean-Michel Patel organisateur des Miss Réunion ? Gérard Cadjee à la tête du JIR ? Jean-Jacques Omarjee au Parlement européen ? Corinne M’Doihoma à la mairie de Saint-Louis (remarquez, pour elle, Zemmour la renverra sûrement faire la cuisine, parce que le boug’ est aussi misogyne) ? En Nouvelle-Calédonie, on oubliera les Naia, Ithupane ou Alesio, qui siègent actuellement au Congrès ? Et à Mayotte, on votera pour Maurice Kamardine et Christian Ali aux législatives ? Et Johnny Payet, à la Plaine-des-Palmiste ? Il coche la case “personnages connus de l’Histoire” ?

Le Tangue n’est clairement pas pressé de voir débarquer un Zemmour en campagne à La Réunion. Pas pressé, non plus, de découvrir quel maire va lui ouvrir grandes ses portes, comme l’avaient fait Sinimalé et TAK avec Le Pen en 2019. Pas pressé, enfin, de voir débarquer un politique en campagne qui va nous prendre la tête avec des problèmes qu’on ne se pose pas, ici.

Pour ça, y a même pas besoin des fachos : souvenez-vous de cet épisode de 2012, où Xavier Bertrand (tiens, encore un candidat à la Présidentielle), alors ministre du Travail en visite à La Réunion, avait fait fort, pour nous prendre la tête avec des choses dont on se fout. En visite au Salon de la Maison, croisant une femme habillée d’un voile intégral, il avait balancé : “Je ne trouve pas cela normal. […] J’aurai l’occasion de dire ce que j’en pense au représentant de l’Etat.” Ou comment importer des questionnements à des Réunionnais qui ont clairement d’autres chats à fouetter.

L. C.