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La Foire de Bras Panon vient donc d’être inaugurée. Et le visiteur pourra se promener au milieu des poules, vaches, cochons, manger des salades et de l’ail pays, persuadé, au vu de la variété des stands, de la variété de l’agriculture réunionnaise. Ce que vous ne saurez pas, c’est que s’il avait fallu respecter les proportions, plus de la moitié de la foire devrait être occupée par des vendeurs de sucre : à La Réunion, l’agriculture est dominée par la canne, les maraîchers et éleveurs devant se partager le reste. L’affiche, déjà, est un sacré foutan, laissant croire à une agriculture pays faite de fruits, de légumes, et un tout p’tit peu de canne.

 

Quand le sage désigne la canne à sucre, l’idiot regarde trois grains de riz

 

Le président de la Chambre d’agriculture, et ancien président de la FDSE à La Réunion, a donc poussé un coup de gueule, révolutionnaire, comme l’a rapporté le JIR dans son édition d’hier : il  faudrait, selon lui, “promouvoir la production locale, la développer davantage avec de nouvelles techniques, des semences et une volonté forte. Je pense
à l’oignon, à l’ail, bases de notre cuisine mais aussi à la pomme de terre, à la carotte. Des filières prioritaires qui doivent même devenir vitales. Je pense aussi à notre curcuma, notre gingembre, nos racines.” Ah ! Enfin ! Et c’est bien à la canne, qu’il va s’attaquer, puisqu’elle ralentit l’objectif de souveraineté alimentaire, “alors
qu’on n’a pas d’oignons à mettre dans le cari” ? Raté. La problème ? “Ceux qui veulent nous faire planter des framboises et du cassis“. Las : il paraît pourtant qu’on peut mieux se nourrir avec des framboises qu’avec de la canne à sucre. 

Pour ce planteur de canne qui quittera cette année la présidence de la Chambre, le manque d’oignons, ce n’est pas – entre autres – dû aux 54% de terres agricoles occupées par la canne ; c’est la faute aux framboises et au cassis. Qui occupent, selon nos informations, moins d’un demi hectare à La Réunion. Contre les plus de 20 000 de la canne, il y aurait bien une expression à sortir. Une histoire de paille, de poutre…

L. C.