C’est une rumeur qui courait dans le landernau médiatique : le JIR allait revenir dans les kiosques. Au Tangue, des lecteurs un peu coquins nous avaient, déjà, conseillé d’aller jeter un coup d’oeil à un nouveau site, appelé Clicanoo, du nom du site Internet du Journal de l’Île. Rapidement, la domiciliation à Dubaï, les articles générés par IA, l’absence d’espaces publicitaires et l’adresse en .com nous ont fait comprendre qu’il s’agissait plutôt d’un faux site surfant sur la renommée de Clicanoo. L’équipe du JIR a dénoncé d’ailleurs ce “faux site“, qui “usurpe” Clicanoo, le vrai. Marrant, quand on se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, des petits malins avaient récupéré l’adresse huguettebello.re pour rediriger les visiteurs vers… des articles de Clicanoo. J’usurpe, tu usurpes, il usurpe…
Le vrai retour, ce fut donc la semaine dernière, avec un hebdo qui paraitra désormais tous les vendredis. Le nom ? “Jir Hebdo”, une société nouvellement créée, et alors que la liquidation de la précédente a emmené des dizaines de personnes sur la paille, dont certains réclament encore des indemnités, à qui on a pourtant expliqué qu’ils n’en reverraient certainement jamais la couleur. C’a l’air pas mal, comme tactique, de créer des boîtes, de les liquider, puis de recommencer avec le même nom ni vu ni connu.
Dans les textes, aucune ambiguïté : ce nouveau canard se veut bien le successeur du JIR. D’ailleurs, on y retrouve les deux mêmes têtes pensantes qui ont coulé la boîte dans les années 2020, Jacques Tillier et Geoffroy-Géraud Legros, qui continuent à tartiner des pages et des pages d’éditos, sans doute persuadés que La Réunion se languissait d’avoir leur avis sur la guerre en Ukraine ou à Gaza.
Sorti sans aucune campagne de com’ nulle part, même pas sur les réseaux sociaux, cet hebdo a immédiatement annoncé la couleur : il veut lutter pour la “liberté d’expression“, parce qu’on ne pourrait plus rien dire, ma bonne dame, parce que Huguette Bello, elle fait rien qu’à être méchante. Une tactique somme tout classique : Jacques Tillier l’a souvent utilisée quand il s’agissait de se défendre de son sexisme ou de son conflit avec l’imprimeur.
D’ailleurs, à force de s’engueuler avec tout le monde, il a été obligé d’aller imprimer son canard à Maurice. Ce mantra de la “liberté d’expression” était le thème principal du premier édito de GGL et de Tillier. Une petite musique qu’on a déjà entendue, récemment, jouée par l’extrême-droite nationale qui hurlait à la censure lors de la disparition de la multi-condamnée chaîne C8 du groupe Bolloré. Tiens, tiens.
En attendant, on ne voit pas ce que le nouveau JIR raconte de si extraordinaire, qui ferait de lui un chantre de la “liberté d’expression“. Sauf si offrir deux pages d’interview à un député du Rassemblement national dans l’édition du jour et à critiquer la décision des juges qui ont condamné Marine Le Pen est révolutionnaire… Bof : le JIR Hebdo, ça va juste surfer sur ce qui marche dans les médias en France, les idées d’extrême-droite et le mépris de la gauche. Rien de neuf, le Talk, l’émission du JIR le faisait déjà.
Là où on se marre un brin, c’est quand même lorsque, dans son premier édito, le Tillier nous lâche : “Me revoilà revenu, prêt à user de la liberté d’expression, à vous révéler ce que les autres taisent pour diverses raisons“. Fort, quand on sait à quel point il s’est servi de son canard pour mener sa propre campagne aux sénatoriales.
Fort, quand on sait que le GGL, entre deux passages au JIR, est allé diriger le cabinet de Richard Nirlo à Sainte-Marie, participant à des réunions avec les macronistes locaux.
Fort, quand on sait que le même GGL écrivait des papiers sur sa compagne, élue à Saint-Pierre et à la région, sans jamais prévenir les lecteurs de sa proximité avec l’ancienne majorité saint-pierroise…
Fort, quand, toujours sans prévenir personne, alors qu’il rechigne peu à parler de lui en général, le GGL nous pond deux pages d’interview du député Perceval Gaillard, dont il menait la campagne en 2018. On peut les voir, tous les deux, dans un reportage de la 1ère.
Et fort, enfin, lorsqu’on se souvient que Emma Hoarau, journaliste au Quotidien après avoir été la candidate suppléante de David Lorion, est passée… par le JIR.
En fait, pour l’indépendance, on repassera : suffit de jeter un coup d’oeil sur les pubs. Follow the money : Le Tangue annonce donc, déjà, que Titi et GGL ne toucheront pas à Sainte-Marie, à la Cinor, à Bras-Panon, le Département ou au Tampon, puisqu’ils leur filent du blé.
En attendant, y a quelques couacs à gérer : dans son édito de la semaine dernière, Jacques Tillier, oubliant que son canard paraît désormais le vendredi, donnait rendez-vous à ses lecteurs “samedi prochain“. Quant à la pub auto-promo qui nous invitait à nous rendre sur clicanoo.re, raté, le site ne fonctionne toujours pas. Petite ambiance d’impréparation, avec des pages pleines de photos ou de jeux, ou un jeu de mots, “Tant que Tillier“, qu’on n’a toujours pas compris. Finalement, le JIR Hebdo, une sorte de mélange entre le JDD, Franc Tireur et Télé 7 Jeux, qu’on ira acheter et dont on reparlera sûrement, parce que nous aussi, on aime bien la “liberté d’expression“.
L.C.
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