Tout va bien : face aux dangers liés au réchauffement climatique et à d’autres problèmes auxquels le monde va devoir bientôt faire face, le deuxième débat des Républicains a choisi de consacrer des plombes à l’immigration. Vous en faites pas, à ce train-là, ça va continuer jusqu’en mai.
Une question a été particulièrement débattue, celle du “droit du sol“, que certains candidats à la candidature pour les présidentielles veulent supprimer. En gros, il s’agissait, pour les participants, de jouer à celui qui taperait le plus sur les immigrés. Valérie Pécresse a donc proposé : “Il faut cesser le droit du sol automatique y compris en métropole”, ce à quoi Eric Ciotti, craignant sans doute d’être débordé sur sa droite, a répondu en tapant sur les Comoriens, dans une tirade enflammée : “On ne peut plus devenir français par le hasard du droit du sol. Il faut devenir Français par la filiation, c’était le Code civil de Napoléon.“
Je supprimerai le droit du sol non seulement à Mayotte mais aussi partout en France.
Je restaurerai le droit du sang,
Je ne veux plus qu’on devienne français par hasard.
La France doit reprendre le contrôle de son destin ! #DebatDeLaDroite pic.twitter.com/oPhcXEeUlN
— Eric Ciotti (@ECiotti) November 14, 2021
Bon, on ne va pas revenir sur la proposition de revenir à des lois vieilles de deux siècles, mais sur cette notion de “hasard” : ce n’est jamais le “hasard” qui pousse des gens à partir de leurs pays et à faire naître leurs enfants ailleurs, mais bien des conditions économiques, sanitaires ou souvent de sécurité qui poussent des gens à tenter de venir en France, souvent au péril de leur vie. Finalement, le vrai hasard, c’est de naître de parents originaires d’un pays plutôt qu’un autre ; le droit du sang, ça, c’est du hasard.
Le droit du sol, ce n’est pas très compliqué : c’est le fait de pouvoir acquérir la nationalité française à sa majorité si on est né sur le territoire français et qu’on y a vécu au moins cinq ans depuis l’âge de onze ans. Elle peut être acquise plus tôt (à 13 ans), sur demande des parents, ou à 16 ans sur sa propre demande, à condition d’avoir vécu sur le territoire un certain nombre d’années. Du coup, la suite de sa prise de parole est assez étonnante. Affirmant qu’il faudrait, dans le cadre de naturalisations, un “long parcours“, il précise : “au moins dix ans“.
Pour lui, donc, l’acquisition de la nationalité ne pourrait plus s’effectuer à la majorité des enfants nés en France (ou treize, ou seize, voir plus haut), mais devrait être le résultat d’un long parcours de “démonstration d’adhésion aux valeurs de la France“. Ce qui, peu ou prou, est déjà le cas pour les enfants nés en France de parents étrangers, qui vivent ici, sont scolarisés, dont le parcours dure, donc, au minimum treize ans. On a quand même hâte de voir ce qu’il va demander à un Comorien né à Mayotte, pour qu’il prouve qu’il “adhère aux valeurs de la France” : “Aimez-vous le pot-au feu ?” “Avez-vous pleuré à la mort de Johnny ?” “Roulez-vous en Peugeot ?“
L. C.