Au golf, les filles valent moins que les garçons

 

On en apprend de belles, dans Le Quotidien du jour. Dans son article intitulé “Revoilà les pros !“, concernant le Mercedes Open golf de La Réunion se déroulant à l’Étang-Salé, nous voilà informés que la Région a mis des billes dans cette manifestation, pourtant richement sponsorisée (voir le programme ci-dessous) afin de promouvoir le “tourisme golfique“.

Déjà, la stratégie est géniale : il est évident que les golfeurs, lorsqu’ils auront à choisir entre les 2,5 golfs de La Réunion (Le Colorado ne comporte que neuf trous) et les onze luxueux golfs mauriciens avec les hôtels qui vont avec, ils viendront chez nous. Promouvoir le golf pour faire venir des voyageurs à La Réunion, c’est un peu comme si l’Angleterre, pour piquer des touristes à la France, faisait de la pub pour sa gastronomie : ça ne manque pas de panache, mais ça ressemble un peu à de l’argent jeté par les fenêtres. Ce ne serait pas la première fois : on attend toujours les hordes de touristes chinois promis par Didier Robert… Anecdote marrante : sur le site de la Fédération française de golf,  la première page est occupée par une pub pour un tournoi de golf… à Maurice.

Le Tangue, ce sale gauchiste, aurait pu s’en tenir là, et railler simplement cet argent versé à un sport de privilégiés alors que d’autres en auraient certainement plus besoin. Mais la lecture du Quotidien nous a donné un autre os à ronger : la manière dont cet argent sera notamment utilisé. C’est beau : “Le “prize money” est de 50 000 euros pour les hommes, 7000 euros pour les femmes“.

Alors que les organisateurs ont invité en priorité des professionnels masculins à leur tournoi, ils ont invité aussi des joueuses. Mais faut pas abuser non plus, hein, elles gagneront donc moins d’argent que les garçons : en divisant la dotation totale par le nombre de joueur, les récompenses sont de 1000 euros par garçon, 700 euros par fille. Une différence supérieure à celle constatée en moyenne entre les salaires des hommes et ceux des femmes en France. Faudrait pas non plus trop les payer, hein : ça commence comme ça, et ensuite, elles vont demander à conduire les voiturettes.

Au golf, c’est une habitude : dans les plus grands tournois professionnels, le rapport entre femmes et hommes varie du double au triple en faveur… des hommes, pas de surprise. C’est quand même dommage : pour rester un peu dans le sport chic, les tournois du Grand Chelem de tennis offrent les mêmes récompenses aux joueurs et aux joueuses. À l’US Open, c’est même le cas depuis 1973.

C’est pas comme si l’égalité salariale, en ce moment, était un tout petit peu dans l’actu, hein. 

L. C.