On a attendu, on n’a pas été déçus. Après le passage aussi court que marrant de Yael Braun-Pivet au MOM, voilà donc que de MOM, il n’y a plus. Ou presque. Parce que désormais, il ne faut plus dire “Ministre de l’Intérieur“, mais “Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer“. Notre ministre, c’est donc Gérald Darmanin, premier flic de France, dont le portefeuille s’est donc élargi, certainement pour le récompenser de sa formidable gestion de la dernière finale de Ligue des champions à Saint-Denis – et des mensonges qui l’a accompagnée, de son soutien à la Manif pour Tous ou des accusations de viol et de harcèlement dont il fait l’objet. Un Darmanin assez perméable aux idées d’extrême-droite, qui disait à Marine Le Pen, il y a peu, pendant la campagne : “Dans sa stratégie de dédiabolisation, Mme Le Pen en vient à être quasiment un peu dans la mollesse, il faut reprendre des vitamines, je ne vous trouve pas assez dure là.” La réponse, donc, aux votes qui se sont exprimés dans les Outre-mer, aux présidentielles ? Aux manifestations un peu partout dans les Îles ? A la défiance envers les vaccins ? Aux manques d’accès à l’eau potable, au chômage ? Un flic. On n’est pas vraiment étonnés : pour sa première visite à Mayotte, qui avait emmené dans ses bagages l’ancien MOM, Sébastien Lecornu ? Gérald, tiens ! Il avait d’ailleurs commencé sa visite sur le thème de la “sécurité“, histoire de serrer les boulons.
Alors, selon le décret de l’Elysée paru ce jour, on aura aussi un “Ministre délégué aux Outre-mer auprès du ministre de l’Intérieur“, Jean-François Carenco. Ce poste ne lui garantit pas une place au Conseil des ministres, et rappelle un peu l’époque Sarkozy où, déjà, le MOM était placé sous tutelle de l’Intérieur. On recule, plutôt qu’on avance : la dernière fois que les Outre-mer s’étaient satisfait d’un ministre délégué, c’était en 1995, avec Jean-Jacques de Peretti, dont on n’a jamais bien compris non plus qu’est-ce qu’il faisait là. Carenco, en revanche, le nouveau, a été préfet de Guadeloupe et de Saint-Pierre-et-Miquelon. Ça fait pas lourd, d’autant que ça date de plus de vingt ans, et qu’il a depuis parcouru les Préfectures de l’Hexagone sans, à notre connaissance, n’avoir jamais réalisé le moindre boulot spécifique aux Outre-mer. Mais ça, et c’est terrible : on ne s’en étonne même plus.
L. C.
Dans la journée, au moment de la nomination de Jean-François Carenco, le site du ministère des Outre-mer a changé la photo avant le texte qui l’accompagnait. Ç’a duré un quart d’heure, mais ça nous a fait marrer.