Après avoir recalculé les données de l’ARS depuis le mois de mars, notamment depuis que les points journaliers ne sont plus communiqués, voici un aperçu de l’épidémie de Covid-19.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le préfet n’a pas encore communiqué les futures restrictions auxquelles les Réunionnais devront faire face pour endiguer l’épidémie de Covid-19 à La Réunion, et alors que l’Hexagone s’apprête à se reconfiner. A l’heure où celles-ci seront parues sur notre site, nous en saurons certainement plus.
En attendant, Le Tangue a décidé de revoir tous les chiffres liés à l’épidémie depuis le début.
Si, lors de nos premiers points, il nous suffisait de reporter les chiffres journaliers communiqués par l’ARS dans un tableau, nous y apportions quelques modifications : nous ne comptabilisions pas les décès, ni les cas positifs liés aux évacuations sanitaires (Evasan). En effet, ces deux données n’apportent aucun intérêt dans l’analyse de la situation locale. Nos chiffres sont donc un petit peu moins élevés que les données issues des pouvoirs publics, que vous pourrez retrouver chez nos confrères.
Depuis le 19 septembre, une difficulté supplémentaire nous a été imposée pour réaliser nos graphiques. Depuis cette date, l’ARS ne communique plus tous les jours, mais tous les deux ou trois jours. Pour parvenir à avoir une tendance journalière, nous avons donc fait une moyenne : ainsi, lorsqu’a l’ARS annonce 221 nouveaux cas entre le 19 et le 21 septembre, nous avons décidé, arbitrairement, d’attribuer 74 nouveaux cas les 19 et 20 septembre, 73 le 21. Nous avons bien évidemment évité les virgules.
Voici, donc, l’évolution du nombre de cas totaux depuis le début de l’épidémie à La Réunion, le 11 mars.
Comme nous l’avons expliqué plusieurs fois dans nos précédents points, cette courbe n’est pas très parlante, puisqu’elle montre peu l’évolution réelle au jour le jour. Depuis le début, nous avons privilégié celle du nombre de cas journaliers, qui fait apparaître les fameuses vagues.
Pour l’instant, on observe donc deux “vagues”. La première, petite, entre le 18 mars et le 10 avril. La deuxième a donc débuté le 10 août, au moment du retour des vacances. Au vu du graphique, nous pouvons considérer que nous sommes encore dedans ; cependant, après un pic fin août – début septembre, le nombre de cas de personnes testées positivement au Covid-19 est à la baisse.
Le nombre de cas réels a-t-il pour autant baissé ? Pas sûr. Car la baisse, suite à ce pic, correspond, aussi, à la diminution du nombre de tests sur les Réunionnais, comme le montre ce graphique issu des données de Santé Publique France.
Le Tangue vous a souvent pris la tête avec la différence entre corrélation et causalité. On voit qu’il y a une corrélation entre la diminution du nombre de cas positifs à La Réunion, et la diminution du nombre de tests. Y a-t-il causalité ? Pour cela, il suffit de vérifier l’évolution du taux de positivité aux tests.
Depuis septembre, il est resté aux alentours de 4%, sans grande variation. Ce qui veut, dire, plus simplement, que lorsqu’on les teste, 4% des Réunionnais sont positifs au Covid, qu’on en teste 2000, comme en septembre, ou 800, comme maintenant. La baisse du nombre de cas positifs observée depuis quelques semaines est donc, surtout, liée à un taux de dépistage au sein de la population moins élevé. On trouve moins, parce qu’on cherche moins.
Finalement, la donnée la plus claire à analyser, celle qui ne laisse aucun doute, et qui conditionne un éventuel reconfinement, comme ce fut le cas en France, est l’occupation des hôpitaux. Là encore, Le Tangue a sorti les calculettes et les tableurs en prenant en compte, cette fois, les Evasan, puisqu’ils occupent bel et bien des lits ici.
Le taux d’hospitalisations a donc été plus important lors de la première vague ; lors de la seconde, et comme l’ARS l’a souvent répété, la proportion de formes plus graves de la maladie est moins importante. Ces données sont confirmées par d’autres chiffres : depuis début septembre, il y a de moins en moins de cas symptomatiques parmi les personnes testées positives. Pour l’instant, donc les hôpitaux ont tendance à relativement se débarrasser de leurs malades du Covid, que d’en accueillir de nouveaux.
Le même phénomène est constaté dans les services de réanimation, qui ont eux aussi dû faire face à un pic en septembre, avant d’observer un reflux depuis un mois.
Tous ces chiffres, plutôt rassurants, pourraient donc permettre à La Réunion d’éviter un reconfinement à l’image de ce que l’Hexagone s’apprête à vivre. Il faut dire aussi que la dynamique n’est pas la même.
Alors que le taux d’incidence (le nombre de cas rapportés à la population totale) a explosé en France, La Réunion est repassée, depuis quelques semaines, en-dessous du seuil d’alerte.
C’est donc à Gillot, comme Le Tangue l’a rappelé plusieurs fois, que tout va se jouer ces prochaines semaines. N’en déplaise aux professionnels du tourisme qui pleuraient dès le mois de mai pour la réouverture totale de l’aéroport, et qui ne la ramènent plus des masses depuis que le virus tue, à La Réunion, depuis le 24 août.
Loïc Chaux
Pour ceux que ça intéresse, nous fournissons ici notre tableau Excel avec toutes les données.