L’absence d’élus et, ou, candidats, à la Marche des visibilités, et leur manque de réactions face au vote Le Pen est le reflet d’une classe politique qui préfère s’accommoder des fachos, plutôt que de lutter contre. L’électoralisme est une gangrène.
Vous vous souvenez ? “Liberté ! Liberté !“, qu’ils couinaient, les antivax, y a pas si longtemps, dans les manifs. Pas de bol : samedi, pour manifester pour la liberté de s’aimer ou même de se promener sans se faire emmerder quand on est homo, bi, trans, etc., ils avaient piscine. Y avait pas qu’eux : à part les exceptions notables de Philippe Naillet, Ericka Bareigts, Karine Lebon ou Alexis Chaussalet (y en avait peut-être d’autres, on les a pas vus), les décideurs politiques locaux ou juste candidats aux législatives regardaient ailleurs. Ils ne vous diront pas pourquoi, on va donc vous l’expliquer pour eux : persuadés que les Réunionnais sont homophobes, ils ne prennent pas le risque de s’afficher avec les pédés et les gouines.
Pour les réacs, on s’y attendait. Mais voir, le lendemain, le président du Département Cyrille Melchior, la présidente de Région Huguette Bello, le vice-président et candidat sur la 6e Frédéric Maillot, et toute une autre palanquée d’élus soi-disant progressistes aller serrer des paluches aux représentants zarabes à l’occasion de l’Eid, c’est quand même bien choisir ses rendez-vous, ceux qui rapportent.
Pas fous, les mecs : ils lisent la merde déversée à l’antenne des radios locales, sous les articles locaux. Une merde très peu modérée par les community managers, d’ailleurs : les articles sur le sujet sont propices aux commentaires, et ça fait du référencement et du clic. Alors, le politique, il voit plein de commentaires dégueulasses, il les entend, et se dit : “Oulaaaa, je vais pas aller m’engueuler avec ça, moi, ils sont nombreux, et c’est plein de voix…“
Ah, c’est sûr que ça se presse plus aux matchs de foot, aux marchés forains ou à on-ne-sait quelle messe de Gilbert Aubry : plus rentable.
Pareil avec les xénophobes, d’ailleurs, et ça doit être souvent les mêmes. 60% de Le Pen à La Réunion, tu parles que ça fait du monde à caresser dans le sens du poil. Alors, d’une, et en pleines législatives, plus personne ne parle de ce carton plein réunionnais pour l’extrême-droite. De deux, il ne s’agit même plus de combattre le RN. Jean-Hugues Ratenon, candidat de la NUPES, cherchait déjà toutes les excuses du monde aux électeurs qui avaient voté Le Pen, et ils étaient nombreux dans sa circonscription. Cette fois, il va faire des jolies photos à La Plaine-des-Palmistes avec Johnny Payet, membre de l’équipe de campagne de Marine Le Pen, principal porte-parole, à La Réunion, du Rassemblement National. Imaginez deux secondes Adrien Quatennens, ou François Ruffin, planter des arbres avec Jordan Bardella ou Louis Alliot. Oui, oui, vous ne rêvez pas : ça se passe comme ça, chez nous.
Johnny Payet, maire RN dans une circo qui a voté à fond les ballons extrême-droite, est d’ailleurs très sollicité, puisqu’il était sur les photos de la déclaration de candidature de Stéphane Fouassin. Et là encore, tout le monde s’en tape le coquillard. La chasse aux voix n’a donc plus de limites : les Comoriens, les jeunes LGBTQIA+, ils votent pas, les candidats vont pas s’embêter avec des convictions, hein. Le vote facho, il rapporte plus.
La rédaction du Tangue
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