Rien de tel qu’une Sapoak au Tévelave pour que Jean-Michel Réac donne son avis. Tremblez, bourgeois : des jeunes vont écouter de la techno sans demander son avis au Préfet !
Bon, c’est sûr que les tangues du Tévelave n’ont pas dû dormir tranquilles il y a dix jours. Mais en pleine période de chasse, vous pouvez être sûr qu’ils avaient d’autres soucis en tête, de toute façon. A part ça, ceux qui n’y étaient pas et qui n’y connaissent rien ont forcément donné leur avis sur la Sapoak du 19 mars. Un rassemblement de drogués, forcément. De zoreils, évidemment. Qui écoutent de la merde, assurément. Des gros dégueulasses sourdingues, pour résumer. Et puis, le préfet donne raison à tout ce beau monde : il aurait ouvert une enquête pour rassemblement non déclaré. Au trou, les crasseux !
Bon. Le principe d’une teuf, c’est de poser du son à un endroit un peu à l’écart, histoire d’avoir de la place et de pas emmerder les voisins, tout en ayant un joli cadre pour la soirée. La teuf, par définition, se passe des autorisations de la maréchaussée. Ce qui, au demeurant, n’en fait pas des rassemblements sans foi ni loi : les bastons, c’est plus souvent dans les mariages de tata Monique ou à Miel Vert. Faudrait pas prendre les Sapoak pour des lapins de trois semaines, ça va faire vingt ans qu’ils mettent du boum boum dans les campagnes réunionnaises. Ça a pas dû les faire marrer, quand, la semaine dernière, le JIR utilise une photo de leur dernière teuf pour illustrer des “fêtes qui virent au cauchemar“, alors que les tirs de flash ball, les accidents de voiture, ou les fêtes dans les cases de Saint-Gilles qui dégénèrent n’avaient rien à voir avec leur orga.
Il y aurait donc deux sortes de bringues à La Réunion : l’acceptable, et toutes les autres. Pas de problème avec celle à base de Johnny Walker et de Villa à l’Hermitage, mais le reste… Or, on en a peu parlé, mais le monde de la teuf a autant morflé que les autres des restrictions liées à l’épidémie. On en a lu, des articles, sur les fermetures de discothèques, des bals… Mais les teufs ? Cette Sapoak était attendue par pas mal de monde. Parce que pour certains, faire la fête, c’est aller dans une forêt avec des centaines de copains, écouter de la techno, pisser contre un arbre et boire des bières tièdes. Et alors ? Au Tangue, on trouve sacrément plus con le fait de nous faire reluquer par un videur avant de lâcher dix euros pour un mojito au Beach Club sur un fond de Aya Nakamura. Mais on n’emmerde personne avec ça : chacun son problème.
Faut quand même être bien réac…
Alors, justement, y aurait un autre souci, soulevé par les Zazalés, qui n’en finissent plus de virer fachos : ils y ont vu l’illustration de “zorèy de plus en plus nombreux sur notre île“, qui “pratiquent le communautarisme“, dans des “colocations [qui] font péter le prix des loyers dans l’ouest“. Au Tangue, on n’a pas pour habitude de demander leur carte d’identité aux participants des teufs ; mais faut quand même pas bien connaître l’histoire de la musique électronique à La Réunion pour n’y voir qu’un truc de zoreils. Et quand bien même, de toute façon : parler de “communautarisme” quand il s’agit d’une teuf en pleine forêt et ouverte à tous, fallait quand même oser.
Taper sur les Sapoak, et les teufs en général, c’est non seulement vain, mais en plus franchement réac. C’est refuser une vision plus libre de la fête, qui se passe des autorisations et de Michel et son orchestre. C’est voir des ennemis chez des gens qui ont voulu faire la bringue à leur manière. A ranger dans l’interminable liste des j’y-connais-rien-mais-je-donne-mon-avis-sur-tout-surtout-si-ça-me-permet-de-passer-pour-un-vieux-con.
La rédaction du Tangue
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