Un chasseur au Conservatoire du littoral, un aéroport qui s’agrandit, un Président dans les champs de canne… La question écologique a complètement disparu du débat public réunionnais. Pire encore : les élus s’appliquent à détruire notre environnement, et avec le sourire.
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“Maman, pourquoi y a la ravine qui coule au milieu du salon ?” “Ta gueule, finis ta tomate à dix euros, et rallume la clim’, il fait 52°C dehors.” Oui, oui, dans quelques années, on va avoir l’air fin. Faudra leur dire quoi, aux marmays ? Et puis, il faudra aller retrouver nos responsables politiques de 2025, pour les interroger, et alors qu’ils seront confits dans la honte de n’avoir rien foutu ? Parce que c’est bien ce qui leur pend au nez, à ceux-là : le déshonneur de n’avoir rien écouté des alertes, et d’avoir sacrifié les générations futures au profit de l’électoralisme le plus crasse.
Tout en haut du palmarès de l’indignité, Le Tangue n’hésitera pas à placer Cyrille Melchior. Melchior, le Président du Département, à l’image lisse et consensuelle, tout gentil et qui s’engueulerait avec personne, qui promet de planter un million d’arbres, un chiffre invérifiable mais qui fait joli sur les prospectus. Melchior, celui qui a permis l’élection de Jean-François Nativel au Conseil des rivages, faisant passer toute La Réunion pour des truffes au sein du Conservatoire du littoral, consterné par l’affaire.
Nou la fé : un élu anti-écolo président du Conseil des rivages
Nativel continue à faire la malin, il tenait un discours d’une rare violence à l’assemblée générale des chasseurs, prônant la chasse sous toutes ses formes. Qu’un élu pareil, proche des idées de l’extrême-droite, anti-écolo jusqu’à la moelle, climatosceptique avéré, s’amuse à troller toutes les instances locales de protection de l’environnement n’a été rendu possible que parce que son N+1 le laisse faire. Le garde-fou Melchior a laissé le fou Nativel s’attaquer à l’écologie. Si le sujet n’était pas si grave, on en pleurerait de rire ; là, on en pleure tout court.
Le même Melchior qui s’évertue à promouvoir la canne à sucre réunionnaise, culture hautement écocide et qui tue la population à coups de Charrette bon marché, est un roué greenwasheur, incapable de promouvoir une agriculture vertueuse et nourricière pour ne pas se disputer avec les planteurs et les alcooliers. On peut difficilement imaginer une vision plus court-termiste.
La canne ? Le Président Macron y a fait un passage obligé, hier. Pour aider les agriculteurs à basculer vers des cultures un peu plus écolo ? Que dalle. Pour leur filer du blé afin qu’ils continuent, encore et encore, à polluer et exporter leur sucre à la con, qui tue plus qu’il ne nourrit. Un jour de visite, et plus encore que l’indigence de l’affaire, dont au final tout le monde se fout, la protection de l’environnement n’a jamais été abordée.
A Saint-Denis, Emmanuel Macron se tient loin des Réunionnais
Il y a deux mois, La Réunion faisait pourtant face à un des cyclones les plus dévastateurs de son histoire. “Un dispositif d’urgence“, qu’il a promis aux agriculteurs pour qu’ils puissent se relever économiquement. Et en amont ? Toujours rien. La bétonnisation, qui a permis les ravages, le réchauffement climatique, les voitures en trop grande quantité ici qui ont joué à la pêche aux canards, rien. Pendant ce temps-là, d’ailleurs, les vendeurs de bagnoles sont occupés à se plaindre de la baisse de leurs ventes, espérant qu’on oubliera qu’ils ont traîné la patte pour faire changer leurs airbags tueurs. Eux aussi, l’écologie, ils se torchent avec, ouin ouin, faut vendre des voitures.
La Réunion n’a pas résolu ses problèmes d’énergie pour les années qui viennent, son approvisionnement en eau, la sécurité de ses habitants face au réchauffement climatique et à la montée des eaux, son autosuffisance alimentaire ou son lagon sans poisson, mais on fête ici l’agrandissement d’un aéroport, là la construction d’un nouvel hôtel en bord de mer, ailleurs l’arrivée de jet skis dans le Sud sauvage.
La question écologique, en fait, a quasiment disparu des radars. Pendant que nos têtes pensantes s’écharpent sur les Comoriens, leurs municipales, ou que le Préfet s’amuse à chasser des Africains, toute l’île, et ses habitants, sont menacés de voir leur vie radicalement changer, en pire.
“Maman, pourquoi on n’a plus à manger ?” “Parce qu’en 2025, on nous avait promis que défoncer la nature allait nous créer du boulot. Maintenant, y a plus de boulot, et y a plus de manger. Va te coucher, marmay, ou j’appelle le grand méchant Melchior.“
La rédaction du Tangue
Précision, le 24/04 à 10h : Après la rédaction de cet édito, nous apprenons que Cyrille Melchior a été décoré de l’chevalier de l’ordre national du mérite par Emmanuel Macron. “Quelle indignité“, disait un ancien Président…