La commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les milieux du cinéma, du théâtre ou de la publicité a donc rendu son rapport aujourd’hui ; Le Tangue ne peut que vous conseiller de lire les papiers de nos confrères sur le sujet, qui résument ce rapport à une dénonciation de “dysfonctionnements systémiques” et de “manœuvres de silenciation“ dans le milieu de la culture, amenant des violences sous toutes ses formes.
Le document de plus de six cents pages, qui regroupe l’ensemble des auditions de la commission, qui se sont déroulées pendant six mois, vise à “analyser les ressorts psychologiques, sociologiques, économiques et juridiques qui permettent à ces transgressions de se déployer – jusqu’à une période récente, en toute impunité – dans le monde de la culture“, selon les mots de sa présidente, la députée Sandrine Rousseau. Au détour d’un paragraphe, un exemple réunionnais est venu illustrer, justement, un de ces ressorts.
Parmi les personnes entendues par la commission, Anouk Lavaure, directrice adjointe au directeur général du travail. Interrogée sur “l’évaluation de la situation des mineurs et des majeurs dans les secteurs (…) de la mode et de la publicité et sur l’identification des mécanismes et des défaillances permettant des violences dans ces secteurs“, elle a cité, parmi plusieurs exemples, un cas réunionnais, pour illustrer le “flou” du “statut juridique des castings” : “Nous recevons peu de signalements. (Un) exemple vise le secteur du divertissement et de la mode à La Réunion, autour de l’organisation d’un concours de beauté avec des miss. L’agence faisait défiler des enfants de moins de seize ans lors du show, en l’absence de toute autorisation administrative préalable, l’emploi de ces derniers n’étant pas déclaré au motif qu’il s’agissait de bénévoles.” La direction du travail a pu mettre son nez dans cet événement en “contrôlant la réalité du statut et de la relation de travail entre ces jeunes et l’employeur.“
Or, ce statut de “bénévole” est, justement, un frein à l’élaboration de procédures visant à prévenir les violences : “Dès lors que nous ne sommes pas dans le cadre du travail, cela n’a pas vocation à relever de la compétence de l’inspection du travail. En revanche, il nous semble important d’encourager des dispositions conventionnelles permettant aux acteurs du secteur et aux employeurs de définir un cadre d’organisation du travail et des relations, afin d’approfondir la question de la prévention. De ce point de vue, toutes les démarches visant à rendre systématique la présence d’un référent pour les enfants, y compris pendant les périodes de casting, peuvent s’avérer pertinentes“, a expliqué madame Lavaure.
Si, dans cet exemple réunionnais, aucun garde-fou n’a été déployé pour garantir la sécurité des jeunes mineures, jusqu’à 2023, c’est bien carrément Miss Réunion qui insistait sur le bénévolat des participantes, se tenant ainsi à l’écart de la protection qu’offre le droit du travail, avec virulence : “Rappel important : être Miss régionale n’est pas un métier, c’est le titre d’un concours de beauté.” Selon le règlement de 2025, cependant, les Miss en finale auront, cette année, un contrat de travail.
Dans les recommandations de la commission, les député proposent “de prohiber la représentation sexualisée des mineurs à l’écran et dans les photographies de mode ; d’étendre la présence obligatoire d’un responsable des enfants à toutes les productions artistiques ; de prévoir un cadre plus protecteur pour les enfants de moins de sept ans ; de contrôler l’honorabilité de toutes les personnes amenées à encadrer des enfants dans le secteur culturel et rendre obligatoire un niveau de diplôme minimum pour l’encadrement des enfants.” De quoi serrer la vis aux concours de “miss” réservés aux adolescentes. Pour les plus grandes, en plus, il est proposé la présence d’un “référent violences et harcèlement sexistes et sexuels (VHSS)“, de former les agents de sécurité à celles-ci, et de faciliter leurs dénonciations. Ca ne résoudra pas tous les problèmes, mais ça les limitera… et le milieu, même à La Réunion, n’en manque pas.
L. C.