Free Dom, la radio au colombin

Se présentant comme le reflet de l’opinion réunionnaise, Free Dom est surtout devenu un organe de propagande de la pensée réactionnaire, diffusant un racisme sournois à la Bollorée.

 

Bonjour, je suis la déléguée départementale de Reconquête !” Chez Free Dom, tout le monde a la parole. C’est le principe, historique et immuable de la radio à la colombe. Depuis quelque temps, dans le “tout le monde“, c’est surtout celleux qui tapent sur les Mahorais et les Comoriens. Mais ce samedi, l’animateur s’en défend : il l’assure, s’il y a des propos racistes, ils coupent. Ce qui n’empêche par le même de se désoler d’une liberté de parole soi-disant en danger, sur le mode du “on ne peut plus rien dire“, parce que Camille Sudre et l’ARCOM veilleraient au grain… Par “liberté de parole“, comprenez, surtout, le droit d’être raciste à l’antenne : le problème n’est pas de lâcher des horreurs, mais bien la crainte de se faire taper sur les doigts pour ça… 

Samedi, Le Tangue a fait un peu de bagnole. Et a donc écouté du Free Dom tout l’aprem. Et tout l’aprem, ça a mouliné sur des histoires de “communautés“, dont certains membres seraient auteurs de violences. Tout l’aprem, sournoisement, on a sous-entendu qu’il s’agissait de Comoriens, et, ou, de Mahorais, sans le dire, parce que, sinon, la radio allait avoir des problèmes. “La liberté d’expression se réduit“, a affirmé l’animateur.

On a connu Free Dom à une époque où une dame, enfermée sur sa terrasse, trouvait de l’aide auprès des auditeurs ; où un pote avait pu retrouver son chien perdu, se faisant quand même engueuler parce qu’il s’agissait d’un husky, et qu’à La Réunion, un husky, il a trop chaud. Aujourd’hui, Free Dom ne brasse de l’air quasiment plus qu’autour de la réaction à des faits divers. Les petits gramounes, qui vivent dans les Hauts de Sainte-Rose, n’entendent plus, la journée, que des histoires de bagarres, de vols, de maltraitances de chiens.

 

Sur Free Dom, c’est Make Reunion racist again

 

Les journées, sur Free Dom, sont évidemment entrecoupées des flashs info d’Europe 1. Le partenariat est historique, il n’a jamais été remis en cause lorsque la fachosphère bolloréenne a pris la main ; mieux encore, un des animateurs vedettes de la radio pays a carrément été transféré chez les Praud, Hanouna, Bock-Côté et compagnie. Le “ton Free Dom“, c’est bien un petit air de Bolloré à La Réunion, où les réactions virulentes se multiplient, surtout quand il s’agit de taper sur la gauche et tous les mouvements progressistes. Il n’y a pas si longtemps, on entendait un animateur rigoler grassement d’une prise de position de Frédéric Maillot, toujours sur le mode de la victimisation, “on peut plus rien dire, ma bonne dame“. La mise en perspective, le recul, c’est pour les ploucs de gaucho-wokistes.

 

Haro sur le Maillot !

 

Dans cette bulle réactionnaire, entretenue autant par les animateurs que par les auditeurs, quelle voix un peu plus mesurée va avoir envie de s’exprimer ? Quand tout le monde s’accorde à dire, comme samedi, qu’il faut bien avouer que les violences, à La Réunion, sont le fait d’une communauté, qui va donc appeler pour expliquer que c’est un peu plus compliqué que ça ? C’est qu’on n’a pas le temps, y a plein de gens qui attendent, et y a le flash d’Europe 1 dans trente secondes ! Le piège est tendu : les indécis, celleux qui ne s’informent que par Free Dom, sont piégés dans la moulinette des propos anxiogènes, souvent racistes sans l’être clairement. Sur Free Dom, on ne parle pas de “Mahorais“, mais d’une “certaine communauté“. Ca évite de se faire condamner, mais tout le monde a compris. Bingo !

Tout le monde a la parole“, ne cesse-t-on de répéter en direct. Sauf que, lorsque les animateurices valident les propos lâchés à l’antenne, ne leur opposent pas des faits, c’est la foire à la saucisse. Par exemple – mais on n’écoute pas tout le temps Free Dom – on n’est pas sûr que les vrais chiffres de la délinquance sur ces dernières années sont rappelés. Laissons quand même le bénéfice du doute à Bobby, dont l’esprit critique apparaît plus affûté que chez ses collègues.

 

En vingt ans, la délinquance a largement diminué à La Réunion

 

Pendant longtemps, Free Dom a été la radio un peu marrante, où les Réunionnais racontaient leurs petites histoires de vie, s’entraidaient, une sorte de réseau social avant l’heure, une radio pour laquelle Le Tangue nourrissait  beaucoup d’affection. C’est devenu un cloaque où les pires opinions monopolisent le temps de parole, et peuvent s’exprimer avec l’assentiment de la rédaction, dans la droite ligne de la brunisation de l’air réunionnais. En fait, Free Dom ne fait plus du tout rire, Free Dom est devenue méchante.

 

Cnewsation : Le Quot’ reprend le flambeau du JIR

 

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