WuambuChido

De quoi se plaignent les élus mahorais ? Chido a fait exactement le travail dont ils rêvaient pour Wuambushu : détruire l’habitat informel, et mettre tout le monde à la rue. Ils voulaient Darmanin, ils ont eu le cyclone, mais y a que le résultat qui compte, non ?

 

 

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En février 2023, le Canard Enchaîné révélait l’arrivée de l’opération Wuambushu, à Mayotte. Le but ? Apparemment lutter contre l’immigration illégale, la délinquance, et détruire les bidonvilles. Ce point précis est même devenu l’objectif principal de l’opération.

Evidemment, les élus mahorais ont applaudi : bravo, clap clap, faut détruire les bidonvilles, parce que c’est insalubre, et puis, vous imaginez, en cas de cyclone ? Les quelques voix qui remarquaient, timidement, que c’était complètement con de raser des habitats – certes précaires – sans proposer de solutions de relogement, étaient qualifiés de pisse-froids, de droit-de-l’hommistes, de bonobobos-gauchos, de Gremlins. Si, si, ce sont les termes de Estelle Youssouffa, députée Rassemblement nati… euh LIOT de Mayotte.

 

Le discours très facho-compatible de Estelle Youssouffa

 

Alors, ce jour, Le Tangue est complètement perdu. Il voit bien, Youssouffa et ses petits copains se désoler du passage de Chido. Mais on a du mal à comprendre le problème, à leurs yeux : ils réclamaient du décasage massif au bulldozer il y a un an, la nature vient tout juste de leur offrir. Alors, c’est quoi, encore, qui coince ? En février 2023, aucun ne chouinait pour que les personnes expulsées de leurs logements soit relogées décemment, ce qui était pourtant une obligation légale. Pourquoi donc pleurer aujourd’hui ? On comprend pas. A moins que, en février, ces chers élus croyaient que seules les bangas des Comoriens allaient morfler, et qu’ils découvrent aujourd’hui que sous la tôle, y a aussi du Mahorais ? Et oui, le vent est plus con – ou plus égalitaire, c’est selon – qu’un ministre de l’Intérieur : il ne trie pas les humains. Enfin, les humains pauvres : à Mayotte, les riches vont assez bien, merci pour eux. Les pauvres, qu’ils soient nés à Mamoudzou ou à Anjouan, ont bouffé du gravier pareil, enterreront la mémé qui s’est pris une tôle ondulée dans la figure tout pareil. Quand on est élu mahorais, qu’on préfère la lutte des races à la lutte des classes, y a un moment où la nature vient vous rappeler à l’ordre.

Il y a quelques années, l’auteur de ces lignes – moi – avait longuement travaillé sur l’histoire du Chaudron et de la commune Primat, à Saint-Denis. Et rencontré ces habitants, dont le souvenir des bidonvilles des années soixante-dix était encore frais. Ils racontaient ce qui se dit, aujourd’hui, à Mayotte : des conditions de vie précaire, pauvres, sans eau courante, une vie de débrouille. Ils ont vu arriver les logements sociaux, qui leur ont fourni des robinets, du gaz, et un toit qui ne s’envole pas au premier coup de vent. Or, on a beau fouiller les archives : les élus mahorais actuels passent plus de temps à réclamer à l’Etat des expulsions de Comoriens plutôt que des constructions en dur. On voit aujourd’hui le résultat, de cette communication politique qui repose sur la haine, plutôt que sur les faits. L’Etat a donc passé ces dernières années à rafler à tout va, dans les hôpitaux, sur le chemin des écoles, dans la rue, partout, et on est bien avancés. Le mur que voulait construire Darmanin dans la mer, il aurait arrêté du Comorien, peut-être, mais les vents de 220 km/h, macache.

 

A Mayotte, l’Etat rafle, encage, humilie

 

Ces derniers jours, ces mêmes élus auraient pu gueuler sur l’Etat, qui n’a rien foutu à Mayotte à part chasser de l’étranger, et alors que l’Île est devenue un département il y a presque quinze ans. Or, toujours rien : pendant que la population enterre ses morts, ces petits serviteurs zélés amoureux de la colonisation et de la mère patrie ont préféré engueuler la gauche et les étrangers. Bien joué !

 

“Ils étaient bien planqués à Londres” (Bis)

 

C’est ballot, quand même : à force de faire les fayots avec l’Etat français, de réclamer la départementalisation histoire qu’on les confonde plus avec ces salopards de Comoriens, ils ont juste oublié de réclamer pour les hommes et les femmes qui survivent sur leur caillou, de loin les plus pauvres de France, les plus élémentaires des protections : la santé et le logement. En même temps, c’est pas eux qui boivent de l’eau dans les flaques saumâtres.

La rédaction du Tangue

 

 

 

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