Aujourd’hui, Journée internationale des violences faites aux femmes. Dès demain, on recommencera à baisser le nez face au sexisme ambiant qui pollue le débat public réunionnais.
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Cette phrase de Didier Robert, lors de son procès sur les loyers de sa villa (il a été condamné depuis), n’est pas prête de sortir de notre esprit taquin. Questionné sur l’emploi, aux frais de la Région, de personnel de maison notamment pour des travaux de repassage, il répondait, au tribunal : “Il fallait bien que quelqu’un repasse mes chemises pour être présentable pour travailler à la Région ! C’est ma femme qui aurait dû repasser mes chemises ?”
Les chemises repassées de Didier Robert, une compétence de la Région
Sexisme ordinaire, à la barre du trib’. L’idée qu’il ait pu lui-même repasser ses chemises ne semble même pas lui être passée par la caboche : le repassage, un truc de gonzesses.
Il ne s’agit que d’une anecdote. Las : elle s’inscrit dans un climat général, à La Réunion, où le sexisme est au coin de la rue, porté par des hommes de pouvoir au portefeuille garni et à l’entregent leur permettent de passer entre les gouttes. On dit bien “des hommes“, car La Réunion est sans aucun doute dirigée par des hommes, privé et public confondu. Jusqu’au directeur de publication du Tangue, c’est dire.
Ainsi, depuis notre édito, l’année dernière, sur le même sujet, que s’est-il passé, à La Réunion, sur le front du sexisme ?
Viens casser du pédé chez les feignasses, mais fais gaffe aux salopes !
Burger King nous a expliqué qu’une “femme avec un Crispy, à moitié dans ton lit” ; la Villa nous a fait une com’ avec des femmes à moitié nues pour promouvoir une soirée sucettes ; des élus ont expliqué que la boxeuse Imane Khélif était un homme ; Pardon ! a sorti un guide largement sexiste et Thierry Robert, condamné en 2018 pour harcèlement moral et sexuel sur une assistante parlementaire est toujours en direct sur les ondes de Free Dom. Et il y a, bien sûr, les soi-disant “concours de beauté”, où des jeunes femmes sont jugées sur des critères physiques, lâchées dans les événements au milieu des mains baladeuses sans que les concours de Miss ne soient jamais questionnés par les élus, qui se disent contre les violences faites aux femmes mais accourent pour se faire prendre en photo avec les Miss. Dont certaines ont pourtant eu le courage de dénoncer les “manipulations” et les “avances“, toujours cette année.
Si des collectifs se mobilisent très régulièrement pour dénoncer ce sexisme qui rôde, Le Tangue relayant par exemple la parole de Nous Toutes 974, La Réunion reste le département, en France, où on tabasse le plus les femmes. En 2021, après le féminicide de Saint-Joseph qui avait fait s’indigner toute La Réunion, nous interrogions une militante, qui nous expliquait : “Il faut travailler toujours plus sur l’éducation des enfants. Déconstruire la virilité, cette idée que les hommes doivent être forts, puissants. Arrêter de faire croire aux enfants qu’être un garçon, c’est mieux qu’être une fille. Plus largement, il faut arrêter cette dévalorisation des filles, par le biais de la pub, ou des élections de Miss.”
Déconstruire les stéréotypes de genre, c’est donc, surtout, protéger les femmes. On ne peut pas, le 25 novembre, manifester contre les violences sexistes, et passer le reste de l’année silencieux face à Pardon! ou Miss Réunion. Ou alors, nos gros zozos assument : pause aujourd’hui et le 8 mars, et mains au cul le reste de l’année !
La Rédaction du Tangue
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