C’est un cas d’école de la désinformation des médias d’extrême-droite du groupe Bolloré, repris par tous les fafs des réseaux sociaux, et cela touche un député réunionnais.
Si on s’en tient aux articles, on peut donc lire, chez CNews : “”Travail au noir” : un député réunionnais NFP appelle à ne plus utiliser l’expression sous prétexte de racisme”. Le Figaro reprend le même titre, et Fdesouche assure : “Le député NFP de La Réunion Frédéric Maillot souhaite qu’on cesse d’utiliser l’expression «travail au noir» : ce serait raciste“. Nul doute que si le JIR existait encore, on y aurait eu droit aussi demain. Ces papiers sont tous accompagnés d’explications condescendantes sur l’origine de l’expression “travail au noir“, qui n’a rien à voir avec la couleur de peau. Le mal est fait : Frédéric Maillot passe pour un con, ces articles sous-entendant que le député péï croirait que l’expression travail au “noir” serait liée à une référence à la couleur d’épiderme, ah ah, l’abruti de gauchiste.
Le Tangue ne doute pas de la capacité de Frédéric Maillot à dire des conneries. Mais quand même, on est allés écouter ce qu’il a dit, exactement, hier à l’Assemblée pendant les débats autour du vote du budget. Il s’agissait en fait d’une simple remarque de quelques secondes, montée bien évidemment en épingle par l’extrême-droite, qui en fait un des sujets du jour, repris localement évidemment par Free Dom, qui mouline dessus depuis ce matin. Voici le verbatim de son intervention :
“Je vais juste partager avec vous un ressenti sur la sémantique employée dans notre bel hémicycle, sans tomber dans un jugement de valeur. Mais pourquoi parler de “travail au noir” ? On pourrait pas parler plutôt de “travail dissimulé” ? Pourquoi, à chaque fois que ça serait négatif, ce serait le mot noir, qui serait employé ? Liste noire, mouton noir, broyer du noir… Et pourtant, on dit bien un vote blanc, et personne n’a choisi.”
Première chose : nulle part, Frédéric Maillot ne parle de racisme. Il le précise bien en expliquant qu’il ne veut pas “tomber dans un jugement de valeur.” Puis, rien ne dit qu’il n’a pas compris l’origine de l’expression “travail au noir“, où qu’il lierait son invention à la couleur de peau. La preuve ? Il énumère d’autres expressions reprenant le terme “noir“.
En revanche, ce qu’il propose clairement c’est, quand c’est possible, d’utiliser d’autres expressions afin de cesser de lier la couleur noire à des faits péjoratifs. Pas con : l’impact du langage utilisé sur la perception de l’environnement est largement étudié par les sociologues, les linguistes… et les communicants. Y a qu’à voir comment le terme triste “licenciement collectif” a été remplacé par celui, plus festif, de “Plan de sauvegarde de l’emploi“. Ca s’appelle le déterminisme linguistique, faut jamais perdre une occasion d’apprendre des choses.
D’autant que le terme de “travail au noir” est une expression populaire, qui n’a aucune valeur juridique. Frédéric Maillot propose d’utiliser l’expression plus soutenue “travail dissimulé” : utiliser un langage plus précis et plus châtié, ça leur plaît pas, aux fachos ?
L. C.
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