Le préfet Filippini, docteur Darmanin et mister Retailleau

A force de s’attacher à la personnalité du préfet Jérôme Filippini, on en oublierait presque qu’il est surtout chargé d’appliquer à La Réunion une politique très dure, pas du tout sympathique et joviale.

 

 

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Mais j’vous jure, hein, des Sri-Lankais, j’en ai expulsé plein !” C’est presque ce qu’a dit le préfet Jérôme Filippini, dans sa tournée d’adieux consacrée à ses bilans, quand il a rappelé : “Chaque fois que le droit nous dit, après un certain nombre de recours épuisés, qu’une personne doit partir, on doit organiser leur retour. C’est ce qui a été fait sur sept Sri-Lankais sur dix.” Eh oui, on aurait presque oublié que le sympathiquen Jérôme Filippini est avant tout chargé d’appliquer la politique du gouvernement, à La Réunion. Et depuis quelques années, c’est donc la politique des très droitiers ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin, puis, depuis peu, de Bruno Retailleau, qu’il est chargé de mettre en branle.

Ce vieux réflexe de colonisés, de chanter les louanges goyave de France de m’sieur l’préfet, après celles de m’sieur l’gouverneur, de s’accrocher à ces “figures” soi-disant rassurantes, comme l’ont été Debré, Chatel, Aubry ou même le pape et désormais Marine, est un classique réunionnais. Pas question de regarder ce qu’ils sont, il faut s’attacher au personnage. “Papa Debré” ? C’était quand même un sacré monsieur, hein. Les déportations d’enfants ? Oh, il avait quand même la classe, il était gentil.

Le phénomène Filippini répond du même réflexe : l’homme semble sympathique, et puis il a l’air d’aimer La Réunion. Comme si c’était extraordinaire, alors que chaque année, La Réunion est visitée par des centaines de milliers de touristes qui l’apprécient tout autant. 

Mais en vrai, à part avoir l’air cool, il a fait quoi ? Il a fait son boulot, comme l’ont fait remarquer nos excellents confrères d’Imaz Press. Et le boulot d’un préfet, en 2024, c’est appliquer la politique d’un gouvernement validé par l’extrême-droite, qui s’apprête à faire voter une énième loi anti-immigration, tout en appliquant une doctrine de maintien de l’ordre toujours plus brutale. C’est, encore, aller sur un festival de musique, et se plaindre de l’odeur de la fumée, histoire de rappeler que la dépénalisation des drogues douces n’est pas une solution pour lui et ses N+1. C’est sortir cet énième poncif sur “le premier pas vers les drogues dures“, ce qui n’a rien d’évident.

Le préfet n’est pas le copain des Réunionnais. Le Tangue a encore en travers de la gorge l’épisode du cyclone Belal, et ce moment de calinothérapie envers le préfet Filippini, alors que quatre personnes étaient mortes, une première depuis vingt ans, alors que c’est la politique de l’Etat, qu’il représente, qui n’a pas empêché le décès de ces pauvres bougs.

 

Trois morts ? Ca va, c’étaient que des SDF

 

Que le préfet ai quelque latitude dans son action, on n’est pas dupe. Rien ne l’obligeait à donner au coup aux fesses publiquement aux vendeurs de bibine, en 2023.

 

A la tienne, Jéjé !

 

A l’époque, il avouait “aimer consommer de l’alcool” (personne ne lui a dit que les héroïnomanes ont aussi tous, par le passé, bu des canons ?), tout en demandant “une prise de responsabilité des distributeurs”. Culotté. Surtout parce que les autres ne le faisaient pas : lui a juste demandé le respect de la loi, ce qui n’est pas extraordinaire non plus, finalement. 

Le Tangue n’a jamais pris pour habitude d’idolâtrer un personnage : les manifs pour la libération du problématique Paul Watson, la folie autour d’Huguette Bello, bien peu pour nous. Le prochain, qui aura, dans les papiers des confrères (on prend le pari) “la lourde de tâche de succéder à Jérôme Filippini“, ne fera rien d’autre que d’appliquer ce qui vient de Paris, et vu ce qui se prépare, appliquer des choses qui puent. Les photos de couchers de soleil, de danses du dragon et de sentiers verdoyants ne seront que du ripolinage, le préfet ne sera toujours qu’un personnage en habit blanc immaculé, entouré de protocoles surannés et chargé de montrer qui qui c’est le patron, même si c’est l’extrême-droite qui donne les ordres.

La rédaction du Tangue

 

 

 

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