François Caillé n’a sans doute pas le coeur à rire, ces jours-ci : il sort tout juste de garde à vue, visé par des soupçons de corruption lors de l’attribution d’un marché public par la mairie de Saint-Paul. Pourtant, Le Tangue a remis la patte sur une archive qui, elle, est franchement marrante.
En 2011, le groupe Caillé, dont il est l’héritier et le boss, est au bord du gouffre : sous procédure de sauvegarde, il vient de virer cent cinquante personnes. Et où retrouve-t-on le François, en début d’année ? A la télé, dans un reportage d’Enquête Exclusive, sur M6. Et François Caillé se la coule douce : dans le doc’ intitulé “Hors Piste, Fêtes et Alcool : les folies des stations de ski“, une partie est consacrée à l’ultrachic Courchevel : “Il est 17 heures. Les pistes se vident, les rues de Courchevel, elles, s’animent. C’est l’heure où il faut se montrer, l’heure où il faut être vu.” Direction une galerie d’art : “Picasso, Dali, Warhol, les oeuvres des plus grands artistes, elles aussi, sont à vendre à Courchevel.” Les images montrent tout un tas de dames en fourrure. Le proprio parle d’une “clientèle très élitiste, qui a une grosse activité professionnelle, généralement, qui a assez peu de temps, dans le quotidien, pour aller faire les galeries d’art, et qui profite de ce séjour à Courchevel, où on est un peu en vase clos“. Et qui voit-on, tout à coup, “élitiste” qui profite du “vase clos” de Courchevel ? “Un amateur d’art, originaire de La Réunion“. Oui, François Caillé ! Et là, festival : il semble être intéressé par une oeuvre. Un crocodile violet, avec un collier doré avec des piques de Richard Orlinski, “à vendre 35 000 euros“. Les riches ont du goût. Anecdote, Orlinski, déjà condamné à l’époque pour contrefaçon, est aujourd’hui visé par une enquête du PNF pour “blanchiment d’argent“, “abus de biens sociaux” et “escroquerie à la TVA“. Décidément.
Devant le croco violet on entend Caillé imaginer le croco “comme ça, vers la piscine“. Puis il explique à la caméra : “C’est ça, le charme de Courchevel. C’est pouvoir, après une journée de ski, venir se balader, flâner, regarder de très belles choses. Moi, je suis un grand amateur de sculptures et de peintures, donc c’est mon plaisir, quand e viens là.” A côté, le marmay qui l’accompagne répond au journaliste, qui demande si Caillé va acheter l’oeuvre : “Une oeuvre pour ma deuxième étoile, peut-être ? ” Pendant qu’à La Réunion, le groupe est en faillite, Caillé s’amuse à Courch’. L’affaire avait alors choqué, jusqu’à La Réunion, on s’en doute. Réponse du François ? “Ce que pensent les gens, je m’en fous”. On va quand même pas se priver d’aller au ski pour deux ou trois pékins au chômdu.
L. C.
Précision : pour des raisons de droits, nous ne pouvons pas donner de lien vers le reportage en question.