Ils ne la connaissent pas, mais insistent pour que Huguette Bello soit Première ministre, malgré son refus. Les gros lourds.
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Dans quelques années, on regardera sûrement l’épisode de la semaine dernière complètement foutraque avec le sourire aux lèvres. A La Réunion, on en rit déjà, de cette folie qui s’est emparée du PCF, puis de LFI, de vouloir proposer à tout prix la candidature de Huguette Bello au poste de Première ministre. Non pas parce qu’elle n’en a pas les compétences, après tout, on n’en sait rien. Surtout à la vue de ce que les gens de Paris on déployé de trésors d’inventivité pour vendre une élue qu’à La Réunion, on a souvent eu du mal à reconnaître en lisant ce qui se disait à Paris.
La tempête passée, bien qu’elle puisse revenir, on ne sait jamais, il reste, dans la gueule du Tangue, comme un goût un peu dégoûtant. On n’est pas là pour défendre Huguette Bello, notre expérience montre qu’elle n’en a pas besoin ; reste que la manière dont elle a été traitée, et les Réunionnais avec, ça ne passe pas.
Pour ce qui est du passé de Huguette Bello, de son parcours, Le Tangue a déjà eu l’occasion d’en parler. “Reconnue unanimement pour son expertise, son expérience, son empathie” ? Suffisait de nous lire.
Il y a moins drôle. Rappelons, d’abord, comment l’hypothèse est arrivée : un monsieur, Fabien Roussel, a jugé bon de balancer son nom à une réunion, sans même lui en avoir parlé, et alors qu’elle n’avait postulé à rien. C’est L’Huma, le canal du PCF, qui allait lancer le bruit, enflammant tous les réseaux sociaux de gauche, embarqués tout à coup dans un hashtag #huguette1ereministre, gonflé par des milliers de nouveaux fans alors que, encore une fois, elle n’avait pas eu le loisir de donner son avis. C’était tendre un piège à la présidente de région de La Réunion, qui ne pouvait refuser, sous peine de se voir assassiner sur ces mêmes réseaux. Elle n’avait, alors, d’autre choix, que de faire passer le mot qu’elle “prendrait ses responsabilités“.
Ces fans, et leurs arguments nous l’ont prouvé, n’y voyaient qu’un symbole. Une métisse, qui vient des îles, chouette ! Comme s’il fallait que les cousins de l’Outre-mer ne servent qu’à remplir des quotas, à mettre un peu de couleur sur les photos et des paysages de cocotiers dans les bios de ministres… C’est con : Olivier Faure, candidat déclaré, lui, au poste de Premier ministre, pour le PS, est aussi métis, et a passé une partie de son enfance à La Réunion. Les origines n’étaient donc qu’un prétexte.
Sexisme
Puis, il y a un affaire de sexisme, franchement crasse, celle-là. Cette manie, un peu paternaliste, de l’appeler par son prénom. Parce que Huguette, c’est un peu rigolo, Huguette, ça fait gentil, ça fait maman qui prend soin de ses petits marmailles (1). Aujourd’hui, un autre hashtag qui fonctionne bien, c’est bien #melenchon1erministre. Pas Jean-Luc. Liliane, fais les valises, on rentre à Paris.
Et il y a l’épisode, plus récent, de #huguetterevient. Cette fois, du seul fait de LFI. Parce que, quelques jours plus tôt, Huguette Bello avait finalement clairement fait savoir, par voie de communiqué, qu’elle prenait “acte qu’elle ne fait pas l’objet d’un consensus entre toutes les composantes du Nouveau Front populaire, et notamment qu’elle n’est pas soutenue par le Parti socialiste.” Pour le poste de Première ministre, Huguette Bello a donc dit non. Les nouveaux amoureux de Huguette Bello, eux, le non, ils s’en fichent : ils insistent, comme des gros balourds. Vous comprenez, quand une femme dit non, peut-être que c’est un peu oui… Et puis, si ça se trouve, là-bas, dans les îles, ils changent d’avis souvent, ils savent pas trop ce qu’ils veulent… Le mieux eût sans été doute de nous demander ce qu’on en pensait, nous, ultramarins : là encore, on a fait sans nous, avec des articles sur Huguette Bello écrits depuis Paris.
Enfin, il y a la tarte à la crème du symbole. Ce serait un beau symbole, si une Première ministre venait des Outre-mer, terres de diversité… Magnifique : à La Réunion, y a autant de racistes que dans le reste du pays, voire plus.
On n’est pas des gentils sauvages qui rigolent tout le temps, et qui sauraient se réjouir de cette pseudo-récompense. On a nos problèmes, et les symboles, ça ne met pas un peu plus de viande dans le cari. On est autre chose que les bouche-trous de gugusses de l’Hexagone pas fichus de se mettre d’accord.
La rédaction du Tangue
- Le Tangue a pu utiliser aussi le terme “Huguette”. Mais on est un média satirique, et on écrit aussi Didier, Thierry ou Jean-Hugues.
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