Ils sont parfois confus, visent les municipales ou pas très intéressés par la lutte contre le RN. Il faudra bien, pourtant, voter pour eux dimanche : les fachos d’en face piaffent d’impatience.
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“Olala, moi je voterai jamais pour les extrêmes.” Des mois de matraquage médiatique, jusque chez nos médias pays, ont bien fait le boulot. En 2024, le Nouveau Front Populaire est donc considéré “d’extrême-gauche“. Et ce, même si le Conseil d’Etat a encore rappelé que c’était faux, et que, dans le programme de la coalition de la gauche, il n’est pas question de réquisitionner les bateaux de Châteauvieux ou de nationaliser Air Austral. C’est un bête programme de gauche, qui ne casse pas non plus trois pattes à un canard, qui ne remet jamais en cause le capitalisme, qui tente un peu de redistribution pour réinjecter dans les services publics et la lutte pour l’écologie. Bourgeois, dormez tranquilles : les Apavou ou Caillé ont très bien survécu aux Mitterrand et Jospin.
Alors, amis qui n’êtes pas sensibles à la gauche, pour qui voter ? Les Macronistes sont rincés ; à La Réunion, ils vont se faire rétamer. La droite dite républicaine ? pas mieux. Surtout, ces deux-là vont se faire désosser par le Rassemblement national : on ne peut pas, depuis des années, appliquer un programme d’extrême-droite, et se plaindre que ses supporters finissent chez les fachos purs et durs. Et c’est là que cela se complique.
Car, à La Réunion, pour envoyer des députés qui seront dans le principal groupe d’opposition au Rassemblement national, il va falloir voter pour deux ou trois énergumènes. Le Tangue le fera ; il va falloir expliquer à son matante pourquoi elle doit faire de même.
Passons sur le fait que les candidats du RN sont des incompétents : les débats à la télé pays ont été catastrophiques pour eux. Mais cela dure depuis des années, et le RN ne s’est jamais porté aussi bien ; en mai, Bardella a été nul à chaque passage à la télé, il a gagné les européennes.
Alors, ventons le camp d’en face, Nouveau Front Populaire et Plateforme de la gauche. L’indice, déjà, est là : ils n’ont pas réussi à s’entendre dans toute l’Île ; sur quatre circos, les deux s’affronteront. Cette situation, à elle seule, laisse deviner que l’union à tout prix pour battre l’extrême-droite, la gauche pays lé pa la ek sa. Exactement ce qu’espérait Emmanuel Macron en balançant sa dissolution. Malins, les Réunionnais.
Parce que, pendant que le reste de la gauche de France s’apprête à la lutte contre l’extrême-droite, la gauche réunionnaise, elle, prépare… les municipales de 2026. Ils se seraient bouffé le nez parce que certains candidats aux législatives lorgneraient déjà vers 2026.
On a donc, en France, à peu près LFI et le PS qui ont mis en sourdine leurs désaccords, face à la gravité de la période ; à La Réunion, ça pète justement maintenant. On a la gauche la plus bête de France, qui se découvre au pire moment.
Il y a bien eu deux députées réunionnaises, Karine Lebon et Emeline K/Bidi, qui ont été parmi les premières signataires du Nouveau Front Populaire, créé pour combattre les néo-fascistes. Au Tangue, elles ont d’ailleurs précisé leurs intentions.
A La Réunion, la campagne ne s’est pourtant pas dirigée sur ce terrain-là. Pourquoi ? Parce qu’ici, chez certaines figures de gauche, la confusion -souvent sur fond électoraliste – règne. Un exemple, le plus récent ? Allez, rions avec Huguette Bello, cheffe de Région et du PLR, proche des Insoumis, invitée à faire un cassoulet chez Jean-Claude Coindin.
Jean-Claude Coindin, qui recevait tous sourires Marine Le Pen, acquiesçant à ses propos en 2021, ou se faisant inviter, avec d’autres par une députée Reconquête ! à Bruxelles. Quand on est vraiment antifa, on va pas blaguer avec quelqu’un qui leur fait la courte échelle.
L’extrême-droite envoie les invit’ à Bruxelles, des Réunionnais accourent
Il faudra alors aussi fermer les yeux, au moins ces deux prochaines semaines, sur Perceval Gaillard et Jean-Hugues Ratenon, qui ont fait de la lèche aux antivax, mains dans la mains avec les députés du Rassemblement National. L’aboutissement d’un long processus pour le premier, dont on ne répète même plus les compromissions avec l’extrême-droite locale, quand il joue au même moment à l’antifa devant les caméras nationales.
Faudra bien voter pour eux, car ils seront parfois talonnés par un parti qui ne cesse de grimper, même localement.
Et que s’ils ont souvent déconné à pleins tubes, c’est pas l’extrême-droite non plus. Or, à part l’épisode du 20 désamb de Payet, on n’a toujours pas entendu, ici, un politique nous exposer clairement ce qu’on risque avec les fafs au pouvoir. Le Tangue a consacré de très nombreux articles sur le sujet et si on vous dit que ça craint, croyez-nous. Y a vingt ans, on était bien allés voter Chirac, même en se bouchant le nez, et les héritiers du borgne sont toujours les mêmes.
La rédaction du Tangue
Une précision sur notre absence
Il n’aura pas échappé à nos lecteurs que Le Tangue n’a presque rien publié depuis le 13 juin. Et il ne leur aura pas échappé non plus que Le Tangue, c’est juste un journaliste à temps complet. Or, celui-ci, clairement une grosse feignasse de zorey, avait prévu de longue date deux semaines de congés juste après les Européennes, profitant d’une accalmie d’élections pour participer à des obligations familiales en Hexagone. Les deux seules semaines de congés de l’année.
Deux jours avant notre départ, Emmanuel Macron annonçait la dissolution ; vous imaginez notre consternation, de ne pouvoir être à La Réunion fin juin. Au moins une obligation familiale ne pouvant être annulée, Le Tangue s’est mis en pause forcée, tout en gardant une petite oreille pointue tournée vers La Réunion.
C’est peu dire que cela tombe mal, et que nous tenons vraiment à présenter nos excuses à nos lecteurs qui attendaient sûrement de nous la vision et les informations du Tangue sur ce moment crucial. L’avion a atterri ce matin, nous allons essayer de nous rattraper. Vous pouvez aussi vous abonner ou donner des sous, pour qu’on puisse embaucher. Quelque chose nous dit que ces prochains mois, La Réunion va avoir besoin d’une presse indépendante.
L. C.
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