On a tous grand besoin de se détendre, en cette fin d’année, et remercions les boulettes de la Préfecture pour cela. La semaine dernière, Le Tangue vous révélait comment elle était arrivée à balancer de faux chiffres, à la radio, en tirant des conclusions erronées à son avantage. Du grand art.
Quelques jours plus tôt, elle en avait sorti une bien bonne, devant le juge du Tribunal administratif, s’il vous plaît. L’Etat y était en effet opposé à des associations écolos, qui demandaient l’arrêt définitif des prélèvements de requins bouledogues et tigres dans la réserve marine.
C’est le JIR qui nous raconte cette perle : “La représentante du préfet s’est aussi montrée incisive sur l’impact réel de cette pêche sur les populations de bouledogues et de tigres. “100 millions de requins sont pêchés dans le monde chaque année, à mettre en rapport avec les 4 ou 5 pêchés à la Réunion““. Un fantastique exemple de whataboutisme, qui vous est offert par l’Etat. La prochaine fois que vous vous ferez contrôler par les pandores avec 0,6 g d’alcool dans le sang, vous pourrez leur répliquer que c’est pas grave, y en a qui roulent avec deux grammes. Si vous tuez votre femme, vous pourrez aussi vous défendre en disant que Guy Georges en a assassiné au moins sept.
Surtout, ce que dit la représentante de l’Etat est… faux. Au lieu de “4 ou 5” par an c’est bien, selon nos calculs, plus de quatre-vingts par an, depuis 2011, qui ont été butés… euh, “prélevés“, comme on dit chez les pro-pêche. Plus d’une soixantaine rien que chez les requins ciblés (bouledogues et tigres), le reste provenant, entre autres, d’espèces protégées. Pas la peine de chercher bien loin d’où l’Etat sort ce tissu d’âneries : c’est une argument rabâché depuis des années par l’inimitable Jean-François Nativel, dont Le Tangue a déjà vérifié les affirmations, à qui les médias ne cessent de tendre le micro pour qu’il répète ses mensonges.
Problème : les bobards de l’Etat ne lui ont pas été d’un grand secours. Le tribunal administratif a en effet annulé finalement l’arrêté qui autorisait la pêche aux requins dans la réserve. Un arrêté qui, de toutes façons, avait déjà été retiré par la Préf en début d’année. Le juge a rappelé que cet arrêté allait contre la protection de l’environnement, et qu’il aurait dû faire l’objet d’une large consultation publique. C’est vrai qu’il eût été fûté de demander leur avis aux Réunionnais sur le sujet, tiens : si ça se trouve, ils sont contre cette pêche aux requins. Si ça se trouve.
L. C.